
2014
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Emmanuelle Bayamack-Tam
Résumé
Je viens vérifie la grande leçon baudelairienne, à savoir que le monde ne marche que sur le malentendu. Je viens mouline les sujets qui fâchent, le racisme qui a la vie dure, la vieillesse qui est un naufrage, la famille qui est tout sauf un havre de paix. Je viens illustre les lois ineptes de l’existence et leurs multiples variantes : l’amour n’est pas aimé, le bon sens est la chose du monde la moins partagée, les adultes sont des enfants, les riches se reproduisent entre eux et prospèrent sur le dos des pauvres, etc. Mais pour accablante qu’elle soit, la réalité devrait pouvoir s’écrire sans acrimonie, dans une langue qui serait celle de la farce ou du vaudeville : je viens, c’est aussi la proclamation par Charonne de sa volonté de redresser les torts, de parler contre les lois ineptes et de faire passer sur le monde comme un souffle de bienveillance qui en dissiperait la léthargie et les aigreurs.
Un roman comique qui mouline les sujets qui fâchent, le racisme qui a la vie dure, la vieillesse qui est un naufrage, et les familles que l'on hait. Charonne - personnage récurrent des romans de l'auteur - chamboule l'ordre des choses : ce qui est aussi un crime contre l'humanité. Abandonnée deux fois (par ses parents biologiques puis par ses parents adoptifs), grosse, noire (ou perçue comme telle), Charonne va imposer sa vitalité irrépressible et la force agissante de son amour. D'abord sur Nelly (la grand-mère) qui raconte sa vie in extremis, entre ressassement et déploration. Et aussi sur Gladys (la mère) qui, parce qu'elle cherche à justifier son incapacité à vivre, produit un discours vindicatif et furibond qui tient souvent du délire. Je viens, c'est la proclamation par Charonne de sa volonté de redresser les torts, de parler contre les lois ineptes, de faire passer sur la maison borgne comme un souffle de bienveillance qui en dissiperait la léthargie et les aigreurs.