2016
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Éric Reinhardt
Résumé
À l'origine, Bénédicte Ombredanne avait voulu le rencontrer pour lui dire combien son dernier livre avait changé sa vie. Une vie sur laquelle elle fit bientôt des confidences à l'écrivain, l'entraînant dans sa détresse, lui racontant une folle journée de rébellion vécue deux ans plus tôt, en réaction au harcèlement continuel de son mari. La plus belle journée de toute son existence, mais aussi le début de sa perte. Récit poignant d'une émancipation féminine, L'amour et les forêts est un texte fascinant, où la volonté d'être libre se dresse contre l'avilissement. Prix Roman des étudiants France-Culture/Télérama 2015 Prix Renaudot des lycéens 2014 Prix LiRE : Meilleur roman français 2014
Éric REINHARDT • Ed. Gallimard • 368 p. • 21 €. « Vos livres, c'est quoi, quel genre ? Des romans ? Des romans policiers, des romans d'amour, des nouvelles, des essais philosophiques ? — Uniquement des romans. — D'amour ? — Si vous voulez. Mais pas seulement. — Vous en avez écrit combien ? — Cinq. » Exact ! Depuis son premier roman (Demi-sommeil, 1998), Eric Reinhardt entrecroise la réalité et la fiction, l'autre et le moi. Sans répugner à se mettre en scène — comme dans ce court dialogue de L'Amour et les forêts — il jongle avec fascination entre les histoires économico-politiques d'aujourd'hui et les abîmes intimes romantiques. Et c'est merveille de le voir s'enchâsser avec empathie ou drôlerie dans des destins étrangers. Ainsi ce sixième opus a-t-il surgi d'une authentique correspondance, puis de réelles rencontres, avec deux lectrices. Evidemment retravaillées, ré-inventées... L'art du romancier n'en est que plus troublant. Les héroïnes féminines ont toujours occupé chez lui une place de choix, surtout les fortes, les puissantes. Mais Bénédicte Ombredanne, cette fois, ne semble pas de la race des reines. Apparaissant toujours dans le récit prénom et nom joints, telles les dévastées de Marguerite Duras, ce professeur de lettres au magnifique pseudonyme a donc écrit à l'auteur, en 2008, pour le remercier de lui avoir redonné goût à l'existence, via son dernier livre, Cendrillon. Epouse d'un cadre commercial sournois et complexé, elle raconte à Reinhardt être victime de harcèlement conjugal ; de plus en plus violent depuis l'aveu au mari d'un bref mais explosif adultère. Bénédicte Ombredanne ne trouvera de paix que dans la clinique psychiatrique où l'a conduite sa tentative de suicide... De ces confidences à l'écrivain admiré, celle qui ne croit comme lui qu'au pouvoir salvateur des mots, à la sublimation par la littérature, aurait aimé faire art. Mais elle ne s'en sent pas le talent. Alors elle offre sa vie à Reinhardt pour qu'il la magnifie. Et il obéit. Et il trouve la forme chahutée, sensuelle, abrupte, en flash-back et monologues, pour témoigner des torturantes humiliations domestiques. Jusqu'à la désolation d'être ; jusqu'à la suicidaire reddition à plus fort que soi. L'écrivain si doué pour observer la société française, décrire les perversités du libéralisme et du monde de l'entreprise, se révèle alors métaphysique et bouleversant arpenteur des douleurs de l'esprit. Qu'on ne s'y trompe pas en effet. L'Amour et les forêts n'est pas le roman du harcèlement conjugal. Le harcèlement devient plutôt ici la métaphore des dangers qui menacent nos rêves, des violeurs qui guettent nos âmes. Que sait-on des pouvoirs de l'autre ? De ses outrances, de ses petitesses ? Qu'est-on capable, aussi, d'offrir de soi ? Que connaît-on au juste de soi ? Menant l'enquête sur Bénédicte Ombredanne, le romancier lui découvrira une jumelle qu'elle avait cachée ; comme elle avait caché à ladite jumelle l'adultère qui avait embrasé et déterminé sa vie... Autant de vérités successives tellement imbriquées qu'elles deviennent mensonges. Et envoûtants mystères. A force d'avoir férocement défendu son idéal — proche en cela des héroïnes du très symboliste Villiers de l'Isle-Adam (1838-1889) qui hantent le roman —, Bénédicte Ombredanne ne voulait plus se renier, figée dans des fantasmes littéraires défiant la réalité. De quoi sont donc tissées nos existences, interroge encore Reinhardt, comme pouvait le faire Shakespeare à longueur de tragédies... Un entêtant parfum de théâtre enveloppe L'Amour et les forêts. Les situations burlesques ou atrocement absurdes y succèdent aux lamentations raciniennes dans un maelström hugolien. Ou gothique. Ou fantastique. Reinhardt aime parsemer ses livres de clins d'oeil littéraires. Et sait créer ces scènes folles qui provoquent, étrangement, la consolation. Purgent doucement les passions. Bénédicte Ombredanne, après tout, était bien une reine... Mais une de celles qui a des malheurs, les plus belles d'entre les reines... TÉLÉRAMA • Fabienne Pascaud • Publié le 23 août 2014 Mis à jour le 19 août 2021.
On passe par toutes les émotions : la joie, la tristesse, la peur, la douleur, la rage, la colère… un livre magnifique… Cette Bénédicte… quel courage, quelle abnégation…
Description très minutieuse d’une relation toxique dans un couple avec Bénédicte Prof Une relation. Et elle se déclenche un cancer. Même à l’hôpital son mari la harcèle
Dérangeant, surprenant
Ça commençait mal : j’ai détesté le premier chapitre. Phrases très longues. Style lourd. On y apprend que l’auteur a été contacté par une admiratrice qui avait adoré son livre précédent et qu’il lui a redonné le goût à la vie et à la lecture. Elle lui dévoilera qu’elle vit une situation très difficile auprès de son mari pervers narcissique. Ils se rencontreront 2 fois. Elle lui laissera 40 pages qu’elle a écrite lorsqu’elle s’est retrouvée en maison de repos. L’auteur va décider d’en écrire un roman. Dans la première partie on découvre que son mari est au plus mal car il vient d’entendre à une émission de radio des témoignages de victimes de pervers narcissiques et il s’y reconnaît. Il s’en veut d’être comme ça et il a peur que Bénédicte la quitte. S’en suit une dispute et sur un coup de tête elle va s’inscrire sur Meetic et bingo elle va matcher avec un certain Christian. Ils vont se rencontrer et ce sera un coup de foudre. Ils vont passer une journée ensemble et faire l’amour 2 fois. Christian habite dans une forêt. C’est le coup de foudre, contrairement à lui elle ne voudra pas continuer à le voir. Elle est partie toute la journée sans prévenir personne et sans s’occuper de ses enfants. Lorsqu’elle rentrera le soir, Jean-Francois va tout de suite comprendre qu’elle est allée voir un homme (elle s’était faite belle, très bien habillée, de beaux bijoux de famille, des bottines et une robe qu’elle adore, des bas noirs Dim, du parfum). Son mari va se mettre à harceler jour et nuit afin qu’elle avoir sa trahison, mais elle résistera et n’avouera rien pendant quelques mois jusqu’au jour où exténuée elle finira par lui avouer crûment et dans tous les détails sa journée passée avec Christian. Loin d’être satisfait il ne cessera de lui demander encore et encore de tout lui raconter en détails et bien sûr il la dénigrera etc…Il lui met une telle pression psychologique (il la réveille en pleine nuit par exemple et ce tous les jours) qu’elle finira par faire une tentative de suicide en avalant plusieurs comprimés de Xanax mais il la sauvera et elle sera hospitalisée peu de temps. Sans rien expliquer au médecin elle explique qu’elle ne veut pas rentrer chez elle, qu’elle a besoin de repos. Ils vont l’envoyer dans une clinique où elle va pouvoir se reposer. Son mari est fou de rage. Dans cette clinique, elle va pouvoir se ressourcer et sympathiser avec d’autres malades mais à la fin de son hospitalisation elle décidera de quand même retourner auprès de Jean-Francois. L’emprise encore et toujours…Elle est professeur de français et lui banquier. Ils ont 2 enfants, une fille et un garçon. Elle a une sœur jumelle. On découvre que dès le départ, il a tout fait pour l’éloigner de sa famille, de ses collègues et amis, il lui téléphonait régulièrement, connaissait ces horaires par cœur, elle ne s’occupait que de sa maison et de son travail en fait. Il calculait tout au centime près. Elle devait garder le moindre ticket de caisse. Elle ne s’entend pas bien avec sa fille qui est en pleine crise d’adolescence. Elle n’est pas vraiment proches d’eux mais d’en occupe très bien. L’auteur va apprendre par hasard le décès de Bénédicte. Il va prendre contact avec sa soeur. Il ne savait pas qu’elle avait une sœur jumelle. Elle est morte d’un cancer généralisé. Peu de temps avant elle avait eu un cancer du sein. Dans cette troisième partie sa soeur va lui raconter la vie de Bénédicte. Elle a été mariée une première fois mais son mari n’était intéressait que par la ferme familiale, quand il a appris qu’elle reviendrait au neveu de Bénédicte et non à lui il l’a quittée sur le champ et sans aucune explication. Elle est tombée dans une grande dépression et c’est là que Jean-François en a profité pour la séduire. Jean-François et le frère du mari de la sœur jumelle de Bénédicte. Ils se connaissent tous depuis l’enfance, leurs parents avaient une maison de campagne proche de la ferme des 2 frangines. Ils se moquaient de Jean-François qui déjà jeune était quelqu’un de bizarre…C’est par dépit qu’elle s’est mise en couple avec lui. Dès le début de leur relation leur histoire commençait mal. Elle n’en a jamais rien montré, n’a jamais rien dit à sq famille ou à ses collègues, ni à Christian d’ailleurs. Lors de ces maladies, il a été abjecte. Par exemple il lui disait que c’était dans sa tête etc Il lui interdisait de mettre du chauffage alors qu elle revenait de chimio. C’est à la fin de sa vie, qu’elle avouera à sa sœur jumelle, le calvaire qu’elle vit avec son mari. Jusqu’à sa mort il aura été odieux et le jour où elle est décédé il ne respectera même pas son cadavre et son enterrement. Elle n’était pas proche de ses enfants, et même sur son lit ds mort, elle ne leur avouera pas qu’elle les aime. Il s’est mis les enfants dans la poche, faisant passé la mère pour la méchante, la mauvaise. A sa mort, ils n’ont même pas pleuré. Pour moi, elle n’a jamais raconté à sa soeur sa folle journée avec Christian. Jean-François a toujours recherché la reconnaissance et l’amour de son père qui ne lui a jamais rendu la pareille, il ne cherchait que le profit de son magasin boulevard Haussmann. Il aurait aimé qu’à contrario Bénédicte disent justement à ses enfants qu’elle les aime ou qu’elle était fière d’eux. chose qu’elle ne fera jamais. Au début j’ai cru abandonner le livre, style trop pompeux, lourd, des longues phrases…et le premier chapitre l’auteur parle beaucoup de lui-même, il m’a perdue et je m’en ennuyais mais je voulais quand même savoir ce qu’il allait advenir des protagonistes. Je n’ai pas lâché et je me suis mise à apprécier ma lecture et à aimer certains passages. Au cours de ma lecture, l’envie m’a prise de voir le film adapté avec Virginie Efira et Melvil Poupaud car j’avais vu des extraits et la BO m’avait donné envie à l’époque mais je n’ai pas aimé ce film qui était plat, lent et qui n’était pas fidèle su livre (à la fin du film elle demande le divorce), je m’attendais pas du tout à ce style de film, une déception. Par contre, je ne me suis pas plus attachée que ça à Bénédicte, il faut dire que l’auteur ne l’a pas forcément épargnée la pauvre et puis ce nom Bénédicte Ombredanne euh why ?! Mais j’ai retrouvé certains aspects des victimes de pervers narcissiques l’ayant vécu avec mon amie Hanane. Au final je suis contente de m’être accrochée et d’avoir fini ce livre qui restera pour moi un roman qui m’a fait découvrir la destinée tragique de Bénédicte.
Très beau et très triste. On espère jusqu’à la fin qu’elle va se sortir de cette emprise…