
1988
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Sylvia Plath
Résumé
Esther Greenwood, dix-neuf ans, est à New York avec d'autres lauréates d'un concours de poésie organisé par un magazine de mode. De réceptions en soirées passées pour tuer le temps, ce sont quelques jours d'une existence agitée et futile que vit la narratrice. En même temps, elle se souvient de son enfance, de son adolescence d'étudiante américaine, des amours qu'elle a connues. Tout bascule lorsque Esther quitte New York. Tentatives de suicide, traitements de choc, guérison, rechutes, et, pour finir, l'espoir. Esther est à la fois "patiente" dans l'univers hospitalier et observatrice au regard aigu de ce monde, qui a pour toile de fond l'Amérique des années 50.
Ce qui m’a le plus touchée dans “La Cloche de détresse”, c’est la sensation qu’Esther a d’être complètement perdue face à son avenir. Elle se heurte à la dure réalité de ne pas être à la hauteur de ce qu’elle imaginait pouvoir accomplir. Et en même temps, elle ne sait même plus si c’est vraiment ce qu’elle voulait faire. C’est ce sentiment troublant d’être coincée dans une sorte d’entre-deux, ni vivante ni morte, avec ce désir puissant de ne plus rester là, figée. Cette hypersensibilité face au monde, à l’injustice d’être une femme, aux inégalités, m’a beaucoup parlé. Un des aspects qui m’a interpellé aussi, c’est cette relation compliquée entre Esther et sa mère. Sa mère s’inquiète sincèrement pour son avenir, et elle lui propose de faire de l’asténographie, un métier stable en lien avec les lettres qu’Esther aime tant. Mais ce n’est absolument pas la même chose qu’écrire, et Esther déteste cette idée. Ce ressentiment vient surtout du fait qu’elle est persuadée que sa mère déteste ce métier elle-même — qu’elle la pousse à faire quelque chose qu’elle-même méprise. Esther la voit comme une hypocrite, une chose qu’elle ne supporte pas. Ça m’a fait penser à un autre moment dans le livre où Esther découvre que son premier petit ami a déjà eu des relations sexuelles avec d’autres filles, alors qu’elle, en tant que femme, n’a pas la même liberté à cause des injonctions sociales. Elle trouve ça profondément injuste, et elle considère Bobby comme un homme hypocrite qui s’est permis ce qu’elle ne pouvait pas, sans que ça nuise à son image. Ce ressentiment envers sa mère est très présent dans chaque interaction, même si Esther n’arrive pas toujours à mettre de mots dessus. Il y a quelque chose dans la mère qui l’irrite profondément, sans que l’on sache vraiment pourquoi. Ce point m’a aidée à comprendre un peu mieux cette haine latente entre elles, surtout en sachant que ce livre est semi-autobiographique. La vraie mère de Sylvia Plath faisait aussi de l’asténographie et a vraiment essayé de pousser Sylvia à faire pareil. Pourtant, Sylvia avait une relation très belle avec sa mère, avec beaucoup de lettres où elle se confiait sur sa vie, ses amours, ses doutes. Ce qui m’a aussi frappée, c’est la façon dont Esther vit son mal-être : elle est très crue, parfois choquante dans son comportement. Elle ne se préoccupe pas toujours des autres — surtout pas de sa mère — et s’autorise à être transparente, même si ça peut blesser ou paraître égoïste. Moi, j’ai plutôt tendance à trop penser aux ressentis des autres, alors voir Esther aussi détachée, aussi en phase avec sa propre douleur, m’a surpris. Elle affirme son mal-être sans filtre, et ça la rend très différente de moi. Cette manière d’être en pleine possession de sa souffrance, sans chercher à ménager les autres, c’est frappant. Malgré toute cette noirceur, j’ai beaucoup apprécier ce livre. La note de fin montre qu’Esther réussit à reprendre une place dans sa vie. Elle redeviens vivante, et retrouve l’envie d’avancer. Ce changement m’a vraiment marquée, parce qu’il montre qu’il est possible de sortir de cet état d’entre-deux, même quand on est au plus bas.
Coup de coeur de l'année 2024, un livre qui m'a énormément marquée ♥️
C est très bien écrit, avec des expressions stupéfiantes parfois et très justes. Le thème de la depression.est original. Mais c est très sombre et j'ai dû parfois poser le livre.
Augustin Trapenard