La vie clandestine - Memory Image

La vie clandestine

2022

Monica Sabolo

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Résumé

"Je tenais mon sujet. Un groupe de jeunes gens assassinent un père de famille pour des raisons idéologiques. J’allais écrire un truc facile et spectaculaire, rien n’était plus éloigné de moi que cette histoire-là. Je le croyais vraiment. Je ne savais pas encore que les années Action directe étaient faites de tout ce qui me constitue : le silence, le secret et l’écho de la violence." La vie clandestine, c’est d’abord celle de Monica Sabolo, élevée dans un milieu bourgeois, à l’ombre d’un père aux activités occultes, disparu sans un mot d’explication. C’est aussi celle des membres du groupe terroriste d’extrême gauche Action directe, objets d’une enquête romanesque qui va conduire la narratrice à revisiter son propre passé. Comment vivre en ayant commis ou subi l’irréparable ? Que sait-on de ceux que nous croyons connaître ? De l’Italie des Brigades rouges à la France des années 80, où les rêves d’insurrection ont fait place au fric et aux paillettes, La vie clandestine explore avec grâce l’infinie complexité des êtres, la question de la violence et la possibilité du pardon.

Avis de la communauté

Opinion du public

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107 avis

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7/10

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Avis et Commentaires

29 avis
Lanie Braconne
Lanie Braconnea noté ★ 7/10
6 mai 2024

Bien écrit, sensible et intéressant mais je ne me joins pas à la voix critique unanime qui dit avoir été « saisie ». Juste une bonne lecture et c’est déjà pas mal ! Télérama : La Vie clandestine Sa vie, “en marge du monde” du fait de son traumatisme d’enfant abusée, trouve de troublants échos dans l’histoire d’Action directe, le mouvement terroriste d’extrême gauche des années 1980. Telle est la trame du saisissant roman de Monica Sabolo qui paraît ce jeudi 18 août. Par Nathalie Crom Est qualifié de clandestin ce « qui se fait en secret, en cachette », écrit le Larousse. « Et qui a un caractère illicite », précise et renchérit Le Robert. La vie cachée de la narratrice du roman de Monica Sabolo se déroule de l’autre côté du miroir, au-delà des apparences. Dans un lieu mental dont l’accès est interdit à tout autre qu’elle-même – et d’où, peut-être, elle écrit. Un lieu qui est tout ensemble un refuge et une geôle dont elle voudrait s’extraire sans y parvenir, et où elle se tient seule depuis l’enfance : « J’ai le sentiment […] d’avoir très peu vécu à l’endroit où mon corps se trouvait. J’ai passé la majeure partie de ma vie ailleurs, dans un espace blanc reculé. Il ressemble à l’écran que déroulait mon père pour y projeter les diapositives de notre vie familiale, la preuve qu’elle était bien réelle, des pièces à conviction dans une boîte en plastique… » D’autres descriptions saisissantes de cet endroit souterrain, cet espace dissocié de la réalité tangible, émaillent la narration de La Vie clandestine, dans lequel Monica Sabolo tresse deux fils, enchâsse deux récits a priori parfaitement détachés l’un de l’autre : celui de son enfance et son adolescence entre Milan et Genève, et celui d’une enquête qu’elle mène sur le mouvement terroriste français d’extrême gauche des années 1980, Action directe. “Je ne savais pas encore que les années Action directe étaient faites de ce qui me constitue : le secret, le silence et l’écho de la violence.” Les premières pages la dépeignent, non sans autodérision, en écrivaine cafardeuse, otage d’un appartement qui prend l’eau, entichée d’une buse empaillée et rattrapée malgré elle par des démons anciens, croyant fuir tout cela en se mettant en quête d’une idée de livre, « une histoire vraie, spectaculaire et la plus éloignée possible de moi ». C’est au hasard – semble-t-il, mais le hasard n’est-il pas que l’ignorance des causes ? – de l’écoute d’une émission de radio consacrée à l’épopée sanglante des militants gauchistes, et plus particulièrement à l’assassinat, le 17 novembre 1986, du pdg de Renault, Georges Besse, que surgit l’évidence qu’il s’agit là du sujet du livre « facile et efficace » qu’elle cherchait : « Je le croyais vraiment. Je ne savais pas encore que les années Action directe étaient faites de ce qui me constitue : le secret, le silence et l’écho de la violence. » La ferme de la Chênetière, à Vitry-aux-Loges (45), où s’étaient réfugiés les membres d’Action directe, photographiée le lendemain de l’assaut des policiers du Raid, le 21 février 1987. La ferme de la Chênetière, à Vitry-aux-Loges (45), où s’étaient réfugiés les membres d’Action directe, photographiée le lendemain de l’assaut des policiers du Raid, le 21 février 1987. Frederic Reglain/Gamma Commence l’enquête, évidemment tout sauf « facile », sur la geste meurtrière d’AD, ses coups d’éclat sanglants, ses racines idéologiques collectives et les motivations individuelles de ses membres. Vieux magazines, documentation diverse, bientôt rencontres hautement attachantes avec d’anciens activistes : Hellyette, Claude, ou le surnommé La Galère. Émergent de leurs récits, quarante ans plus tard, la foi d’airain qui animait ces combattants, l’exaltation de la lutte armée, de la clandestinité, du « renoncement à soi » au profit de la cause commune. Le refus dérangeant, aussi, de confesser tout remords, toute compassion vis-à-vis des victimes — car regretter serait trahir… Tout cela est ancré dans l’atmosphère de « fièvre contestataire » des années 1970, qui fut le terreau du mouvement. « Je suis aspirée dans une matrice qui me ramène vers le passé. Je songe à Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron, je veux savoir qui elles sont. D’une façon imperceptible, quelque chose se met à bouger en moi […]. Pour quelle raison ont-elles fait ça ? Que cherchaient-elles ? Je ne réalise pas, alors, que la véritable question est : Qu’est-ce que, moi, je cherche vraiment ? » “Les visages s’effacent, mais le chagrin demeure...” Que cherche Monica Sabolo, tandis qu’elle scrute à n’en plus finir les quelques clichés dont on dispose des deux jeunes filles terroristes ? Apercevoir son propre visage d’adolescente bourgeoise, lisse et docile, intérieurement minée par une enfance chaotique et spoliée. Mettre au jour cette enfance dont les mêmes années 1970 ont constitué le décor temporel, mais dont aucun souvenir ne s’est imprimé dans sa mémoire (« Les visages s’effacent, mais le chagrin demeure. Il irradie, il voyage… »). Apprivoiser les non-dits, les mensonges et la violence sourde au milieu desquels elle a grandi. Décortiquer l’« existence de fiction dans laquelle […] se mêlent le vrai et le faux, des sentiments réels et une autre histoire, enfouie », qu’ont menée ses parents, sur les rives cossues du lac de Genève. Tenter de saisir qui était réellement le flamboyant Yves S., l’homme qu’elle pensait être son père avant d’apprendre, à l’âge de 30 ans, qu’il était en fait son beau-père – et tenter de lui pardonner l’inceste subi durant de longues années. Vers une possible joie Cette matière autobiographique, Monica Sabolo l’avait déjà couchée sur le papier, de façon factuelle et elliptique, dans le fantasque et poignant Tout cela n’a rien à voir avec moi (2013, éd. JC Lattès et en poche chez Pocket). De Crans-Montana (2015) à Summer (2017) ou Éden (2019), ce matériau intime a nourri aussi ses romans de thèmes et images récurrents (les jeunes filles, les métaphores aqueuses…). Y revenant aujourd’hui, dans ce grave et beau livre qui avance vaillamment vers une possible joie, elle en fait cette fois le support d’une réflexion, non pas psychologique mais sensible, poétique et profonde, sur la dissociation : cette vie « en marge du monde » à laquelle l’a conduite son traumatisme d’enfant abusée – et dont elle trouve, dans l’itinéraire intérieur imaginé de Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron et leurs camarades de lutte, de troublants échos. Des résonances qui touchent, en fait, toute existence, la vie clandestine étant cette façon que nous avons tous de tenir à distance « ces chagrins qui pourraient nous tuer ». EXTRAIT « Soudain, Nathalie Ménigon se lève et se met à marcher, comme si elle voulait partir. La panique me submerge. Je n’ai pas posé les questions que je porte en moi depuis des mois, ou peut-être depuis toujours […]. À cet instant, sa main se pose au creux de sa poitrine et appuie sur son cœur. Elle reste là, immobile. Elle inspire profondément, comme si on lui avait donné un coup, ou qu’une douleur se réveillait, entre ses côtes. Son visage est pâle, sa main aussi, posée à plat, et je réalise que tout est là, juste en dessous. La douleur, la rage, le chagrin, Françoise Besse, les cinq enfants. Le tressaillement, la violence, l’incertitude, la volonté de vivre, celle de se souvenir, et celle d’oublier. » À lire s La Vie clandestine, de Monica Sabolo, éd. Gallimard, 320 p., 21 €.

Christine ALMAND
Christine ALMANDa noté ★ 9/10
28 avril 2024

Une découverte de la Grande Librairie L œuvre entière tourne autour du même sujet et nous invite à partager cette hyper sensibilité de l actrice, toute en délicatesse

NM
Nadia Mysleikaa noté ★ 4/10
10 février 2024

MEDIA

Véronique Lhuissier
Véronique Lhuissiera noté ★ 7/10
30 juillet 2023

Deux histoires en parallele Action directe et la sienne Enquete et rencontres des auteurs N Menigon JMarc Rouillan et Joelle Aubron décédée. Essai de sonder leur âme. Regrettent-ils ? Idem pour son histoire familliale et son père Explore le bon et le mauvais de l'humain, le pardon L'étude de l'idéal et a quoi il amène comment il est questionné. Le remords qui serait se désolidariser du groupe et de l'idéal anarchiste Le chemin vers le pardon et la libération

Elsa
Elsaa noté ★ 8/10
3 juillet 2023

Offert par Paul qui l’a adoré ! Histoire croisée de l’écrivaine qui enquête et veut écrire sur les membres d’Action Directe et en même temps retrouve une partie de son propre passé Lu en très peu de temps, super livre !

PR
Patricia Raimonda noté ★ 7/10
7 avril 2023

Des passages intéressants sur le mouvement d’action directe mais pas mal de longueurs

Corine Grosclaude
Corine Grosclaudea noté ★ 5/10
13 novembre 2022

Pas terminé 😡

SB
Solène Barona noté ★ 10/10
20 octobre 2024

AB
ANNE BOCQUENTINa noté ★ 6/10
6 septembre 2024

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