
2013
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Jean Giono
Résumé
Le hussard sur le toit : avec son allure de comptine, ce titre intrigue. Pourquoi sur le toit ? Qu'a-t-il fallu pour l'amener là ? Rien moins qu'une épidémie de choléra, qui ravage la Provence vers 1830, et les menées révolutionnaires des carbonari piémontais. Le Hussard est d'abord un roman d'aventures : Angelo Pardi, jeune colonel de hussards exilé en France, est chargé d'une mission mystérieuse. Il veut retrouver Giuseppe, carbonaro comme lui, qui vit à Manosque. Mais le choléra sévit : les routes sont barrées, les villes barricadées, on met les voyageurs en quarantaine, on soupçonne Angelo d'avoir empoisonné les fontaines ! Seul refuge découvert par hasard, les toits de Manosque ! Entre ciel et terre, il observe les agitations funèbres des humains, contemple la splendeur des paysages et devient ami avec un chat. Une nuit, au cours d'une expédition, il rencontre une étonnante et merveilleuse jeune femme. Tous deux feront route ensemble, connaîtront l'amour et le renoncement.
Roman assez long qui se répète beaucoup à mon goût. Je trouve les personnages peu attachants. J’ai tout de même bien aimé les relations d’Angelo. Si j’ai bien compris les enjeux de l’histoire, Angelo ne réussit pas à sauver son premier amour le français et se donne alors comme devoir de soigner les autres, mais finalement il réussi à sauver son deuxième amour Pauline, il est alors satisfait et heureux et peut rentrer chez lui
Militaire en fuite d’Italie traverse la Provence sous canicule demandant hospitalité. Quand arrive à cavaillon son hôte explique que son mari est malade sûrement par excès de melon. Mais sur la route trouve village de cadavres visages bleus en train d’être mangé par oiseaux et chiens. Un jeune homme médecin le croise et lui explique la contagion et l’ampleur de l’épidémie de choléra et que la Drôme semble épargnée. Mais au réveil le médecin est en train d’agoniser avec les mêmes symptômes, Angelo essaie d’appliquer le traitement qu’il a vu le médecin faire mais en vain. Part pour la ville mais rançonné par une sentinelle qu’il parvient à désarmer à lui seul. Il rencontre une femme et ses 2 enfants qui s’apprêtent à fuir l’épidémie en comptant sur un laisser passer d’un ami très haut placé. Mais dans l’impatience et le risque d’attendre Angelo propose de les escorter en cachette des sentinelles. Elle refuse. En 1832, Angelo Pardi, jeune aristocrate carbonaro italien, est un colonel de hussards, qui doit fuir son Piémont natal après avoir tué en duel un officier autrichien, le baron Schwartz, pour la cause de son camp. Il franchit la frontière française, et arrive en Provence alors en pleine épidémie de choléra. Chargé de retrouver Giuseppe, son ami et frère de lait, il arrive à Manosque, ravagée par l'épidémie. Accusé d'empoisonner les fontaines, il se réfugie sur les toits de la ville, où il vit de ses explorations dans les maisons désertées. Au hasard d'une de ces expéditions, il rencontre une jeune femme, Pauline de Théus, qui l'accueille sans crainte malgré la contagion. En redescendant des toits, il est enrôlé par une religieuse qui nettoie les morts. Il côtoie alors l'horreur de la maladie et accomplit sa tâche « parfaitement inutile » par orgueil, en souvenir du « petit Français », un jeune médecin acharné à sauver les malades qui meurent tous entre ses bras, et qu'Angelo a tenté en vain d'arracher à la mort. Pour contrer la contagion, les autorités font évacuer la ville en direction des collines avoisinantes. Angelo y retrouve Giuseppe. Les ravages du choléra et les dangers de leur vie de conspirateurs les forcent à fuir et à se donner rendez-vous dans les montagnes proches de la Drôme à Sainte-Colombe. Or le pays est entièrement ceinturé par l'armée. À un barrage, Angelo retrouve Pauline de Théus qui cherche à rejoindre son mari près de Gap. Ensemble, ils franchissent la ligne dans une escarmouche où la jeune femme fait preuve d'un courage exemplaire. Angelo est ravi qu'elle montre beaucoup d'esprit et de prestance. Ils voyagent quelques jours ensemble, se découvrent l'un l'autre, dormant à la belle étoile, Angelo protégeant Pauline, elle lui donnant le moyen de faire de l'esprit. Les soldats sont partout. Les deux voyageurs se font arrêter et mettre en quarantaine à Vaumeilh. Ils s'en échappent facilement et reprennent leur périple. Ils passent au travers d'une embuscade dans un village, et harassés, passent encore une nuit à la belle étoile. Le lendemain, ils trouvent une grande demeure vide, en viennent aux confidences. Angelo parle de sa mère, duchesse italienne très romantique et révolutionnaire, et Pauline de son enfance et de son mari, de quarante ans plus vieux qu'elle, qu'elle aime véritablement. Angelo dort à sa porte pour la protéger. Le lendemain doit marquer la fin de leur périple et le choléra semble loin. Ils se laissent donc aller à oublier les règles très strictes qu'ils s'imposaient pour éviter la contagion et partagent le repas d'un énigmatique lettré rencontré sur la route. Quelques heures plus tard, Pauline s'effondre, dégorge de ce riz au lait que Giono s'est plu à rajouter aux symptômes du choléra. Angelo la soigne toute la nuit et la sauve miraculeusement. Le lendemain les retrouve transformés : cette nuit a été en quelque sorte l'accomplissement d'un amour hors du commun, impossible et inévitable. Angelo est fier de son statut aristocratique ; Pauline ne peut se comporter en bourgeoise adultère. Leur relation reste platonique. Angelo raccompagne donc Pauline à son mari et s'en repart faire sa révolution, à suivre dans le roman Le Bonheur fou publié en 1957.
J’ai relu ce classIque avec plaisir
Troisième ou quatrième lecture de ce roman allégorique. Le malheur vu avec un mélange de désinvolture et de noblesse de cœur. La deuxième partie, après la rencontre de Giuseppe, m’a parue parfois un peu longue, mais c’est à mettre sur le coup de la générosité d’écriture de Giono, de sa démesure. Les nombreuses descriptions bucoliques peuvent finir par agacer, mais elles servent d’antidote à l’horreur macabre et grotesque des corps qui jalonnent le roman. Les personnages, à commencer par Angelo sont mystérieux, déroutants. Le portrait de la vieille nonne est particulièrement réussi, seul témoin d’une foi religieuse inébranlable inscrite dans l’engagement auprès des humains. Engagement d’un héros dans sa lutte pour la liberté débouchant sur une histoire d’amour qui ne se dit pas, ce qui paradoxalement le mène au « comble du bonheur ». Un des plus beaux roman français du XX siècle.