
2023
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Gisèle Halimi
Résumé
Texte extrait du volume Le procès de Bobigny
Excellent, elle est vraiment incroyable et hyper inspirante
Pour notre sortie culturelle annuelle en famille, j’ai pris une petite lecture qui me tiendrait l’un ou les deux voyages en train vers Paris. Je fouille dans ma PAL et retrouve ce petit ouvrage de quelques dizaines de pages qui fera 100% l’affaire. - Le contexte : Le procès de Bobigny se tient en octobre et novembre 1972. Cinq femmes y sont jugées : une jeune femme mineure — Marie-Claire Chevalier — qui avait avorté après un viol, et quatre femmes majeures, dont sa mère, pour « complicité ou pratique de l'avortement ». Ce procès, dont la défense est assurée par l'avocate Gisèle Halimi, est historique puisque celle-ci choisit d’en faire une tribune contre la pénalisation de l’avortement et plus avant la protection du droit des femmes à recourir cette pratique. Le contexte est LU-NAIRE : l’homme qui a violé Marie-Claire Chevalier, soupçonné d'avoir participé à un vol de voitures, est arrêté ; ET il dénonce Marie-Claire pour son avortement dans l'espoir que les policiers le laissent tranquille, ce qu’ils font ????? Au contraire ils se rendent au domicile de Michèle Chevalier, la mère, et la menacent alors de prison pour elle et sa fille si elles n'avouent pas, ce qu'elle fait alors immédiatement. - La plaidoirie : La réflexion de Mme Halimi est ultra linéaire et force à reconnaître le bon sens des arguments qui se dégagent. -1- Elle débute par rappeler l’absurdité de la mise en œuvre de la loi : sur des milliers de cas d’avortement recensés en France chaque année (des dizaines de milliers), seules quelques centaines sont réprimées pénalement. Le constat est clair : la loi ne « fonctionne pas », elle ne couvre qu’une part infime de ce qu’elle englobe. Cette loi est d’ailleurs « néfaste » et ce à deux égards : (i) elle pousse à la pratique clandestine et donc plus dangereuse (témoignages glaçants sur les manières fait-maison ultra pas safe d’avorter) et (ii) elle condamne en majorité des femmes issues des classes populaires voire peu éduquées. Gisèle Halimi plaide pour son abrogation au vu de son absurdité et de sa nocivité. -2- Elle apporte le témoignage de nombreux médecins suffisamment courageux pour prendre la parole et se prononcer en faveur de l’avortement. Ils prônent une pratique contrôlée et saine de l’avortement, en clinique / hôpital, pour que tout se déroule dans les meilleures conditions. Gisèle Halimi concède alors l’existence de la « clause de conscience » pour amadouer le jury ; les médecins qui pratiqueraient des avortements cherchent avant tout à éviter les dommages inutiles et les actes autonomes dangereux au nom de leur serment d’Hippocrate. Elle évoque alors en parallèle toutes les associations et les groupements qui soutiennent la cause des femmes dans ce combat politique. -3- Elle dénonce sans hésitation le sexisme évident de la pénalisation de l‘avortement : les hommes (ministres, députés, juges, …) ont voix au chapitre et sont maîtres de la pénalisation d’un choix purement intime et personnel fait par une femme. Ils sont les créateurs et garants de la punition juridique et systémique de l’exercice de son libre-arbitre par une femme. Cela doit changer. Plus largement, l’éducation sexuelle dans les établissements scolaires aussi doit changer (voire tout simplement exister). Comment prétendre pénaliser l’avortement sans prodiguer le moindre soutien public à l’éducation sexuelle des enfants, notamment et surtout sur les moyens de contraception et le respect du corps de la femme ? On connaît évidemment ajd les aboutissements de la fin du procès : la plaidoirie de Gisèle Halimi largement constitué, aux côtés des travaux de Simone Veil, à la dépénalisation de l’IVG et à la reconnaissance de l’avortement en tant que droit. C’était une lecture extrêmement poignante : claire, précise, émouvante mais rationnelle ; tout y était pour que le bon sens triomphe. En bref, une lecture nécessaire qui transpire le pur bon sens et qui cherche à amener le lecteur (l’auditeur ?) à sortir d’un obscurantisme vraiment simpliste ; les femmes doivent être libres de c-h-o-i-s-i-r. Librairie du canal gang.
Fort, puissant, merci Emma pour ce super cadeau qui ouvre ma collection d’ouvrages féministes ! (a deux doigts de passer le barreau après cette lecture)
« À ton encore, aujourd’hui, le droit, en France, dans un pays que l’on dit « civilisé », de condamner des femmes pour avoir disposer d’elles-mêmes vous pour avoir aidé l’une d’entre elle a disposer d’elle-même ? »