Solal

Alors là, pour le coup, j’ai adoré. Je n’avais jamais rien lu de tel et ça ne m’arrive pas vraiment tous les jours, on peut se le dire. Donc c’est le premier livre de Albert Cohen et je suis ravie de l’avoir lu avant son fameux Belle de Jour (alors que je ne connaissais pas la chronologie originellement). Cet humour juif, cette manière de voir le monde avec affection et moquerie, je sais pas, je trouve ça d’une grande intelligence (là de la part de l’auteur). La distance qu’il y a entre nous et les personnages est juste parfaite : je trouve qu’on a l’impression d’être prêt d’eux mais en même temps, on ne les comprend pas vraiment, ils restent très énigmatiques parce que culturellement différents mais aussi parce que ce sont des personnages assez uniques en leur genre. Quant à Solal, le personnage est juste fabuleux en terme de construction : c’est un égoïste, parfois même narcissique mais on aurait presque envie de lui excuser puisqu’il est juste malheureux, presque lunatique. Alors que dans ma tête, j’avais l’idée que c’était un vrai connard (peut-être que c’est le cas dans le reste des livres), mais ici, je le trouve jeune, immature mais pas vraiment méchant intentionnellement. Quelle incroyable construction que de réussir à produire ce type de personnalité à l’écrit, représentante de la vraie complexité psychologique humaine.