
2023
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Stefánsson
Résumé
Ton absence n'est que ténèbres
Pas vraiment aimé, c’est longet decousu mais bien ecrit
Jón Kalman Stefánsson Ton absence n'est que ténèbres Traduit de l'islandais par Éric Boury «Même en plein soleil nous abritons en nous des vallées de ténèbres. Est-ce le prix à payer pour être humain? » Égaré dans les fjords loin de Reykjavik, un homme a perdu la mémoire. Dans le village où il s'est arrêté, tous semblent pourtant le connaître. Petit à petit, les récits qui lui sont faits le plongent dans la grande histoire d'une famille. Du xix siècle à aujourd'hui, chaque destin est comme une tentative d'échapper à l'immuabilité de la vie islandaise. Un pasteur bouleversé par les lettres d'une inconnue, un fermier qui veut quitter sa terre pour faire des études, des amoureux qui ne peuvent vivre leur passion au grand jour... A travers ce puzzle romanesque extraordinaire, l'homme poursuit sa quête : qui est-il? Et qui sommes-nous? Comment aimer, comment mourir? «Ce livre est si éblouissant, tendre et beau qu'on voudrait ne l'avoir jamais fini.» Valérie Marin La Meslée, Le Point Prix du Livre étranger France Inter - Le Point 2022 PRÉFACE: Le plus important, les choses qui vous marquent durablement, grands sentiments, expériences difficiles, chocs, bonheurs intenses - épreuves ou violences qui viennent secouer la société ou votre existence -, peuvent laisser en vous des traces si profondes qu'elles s'impriment dans votre patrimoine génétique, lequel se transmet ensuite de génération en génération - façonnant les individus qui naîtront après vous. C'est une loi fondamentale. Vos gènes charrient vos émotions, souvenirs, expériences et traumatismes d'une vie à une autre, et dans ce sens, certains d'entre nous sont vivants longtemps après leur disparition, y compris lorsqu'ils ont sombré dans l'oubli. Nous portons perpétuellement en nous le passé, continent invisible et mystérieux qui affleure parfois, quelque part entre le sommeil et la veille. Un continent dont les montagnes et les océans influent en permanence sur les couleurs du temps et les chatoiements de lumière que nous abritons.
Un homme se retrouve dans une église, quelque part dans les fjords de l’ouest, sans savoir comment il est arrivé là, ni pourquoi. C’est comme s’il avait perdu tous ses repères. Quand il découvre l’inscription « Ton absence n’est que ténèbres » sur une tombe du cimetière du village, une femme se présentant comme la fille de la défunte lui propose de l’amener chez sa sœur qui tient le seul hôtel des environs. L’homme se rend alors compte qu’il n’est pas simplement perdu, mais amnésique : tout le monde semble le connaître, mais lui n’a aucune souvenir ni de Soley, la propriétaire de l’hôtel, ni de sa sœur Runa, ou encore d’Aldis, leur mère tant regrettée. Petit à petit, se déploient alors différents récits, comme pour lui rendre la mémoire perdue, en le plongeant dans la grande histoire de cette famille, du milieu du 19ème siècle jusqu’en 2020. Aldis, une fille de la ville revenue dans les fjords pour y avoir croisé le regard bleu d’Haraldur ; Pétur, un pasteur marié, écrivant des lettres au poète Hölderlin et amoureux d’une inconnue ; Asi, dont la vie est régie par un appétit sexuel indomptable ; Svana, qui doit abandonner son fils si elle veut sauver son mariage ; Jon, un père de famille aimant mais incapable de résister à l’alcool ; Pall et Elias qui n’ont pas le courage de vivre leur histoire d’amour au grand jour ; Eirikur, un musicien que même sa réussite ne sauve pas de la tristesse – voici quelques-uns des personnages qui traversent cette saga familiale hors normes. Les actes manqués, les fragilités et les renoncements dominent la vie de ces femmes et hommes autant que la quête du bonheur. Tous se retrouvent confrontés à la question de savoir comment aimer, et tous doivent faire des choix difficiles. Ton absence n’est que ténèbres frappe par son ampleur, sa construction et son audace : le nombre de personnages, les époques enjambées, la puissance des sentiments, la violence des destins – tout semble superlatif dans ce nouveau roman de Jón Kalman Stefánsson. Les récits s’enchâssent les uns dans les autres, se perdent, se croisent ou se répondent, puis finissent par former une mosaïque romanesque extraordinaire, comme si l’auteur islandais avait voulu reconstituer la mémoire perdue non pas d’un personnage mais de l’humanité tout entière. Le résultat est d’une intensité incandescente.
Non terminé
Bribes : Est ce maturité ou manque de courage de se résoudre à son destin? Est ce responsabilité ou lâcheté ? Jamais Neruda n'aurait pu écrire ses poèmes d'amour et de désespoir dans un endroit pareil. Ce monde a besoin de gens comme toi. De gens comme moi? C'est à dire ? De ceux qui osent tout quitter et laisser derrière eux pour un seul regard. Et qui permettent à la vie de ne pas se figer. Alors qu'il a dans sa vie une femme comme celle là, d'une intelligence manifeste, uen femme au charisme éclatant, aux yeux noirs emplis d'une lueur presque insolente, la commissure des lèvres empreinte d'une mélancolie aussi vague que fascinante. Peut être n'y-a-t il aucune image d'ensemble. Peut être la vie se résume-t-elle à des fragments Ses yeux noirs ensorcellants illuminés par un sourire Certains sourires ont le pouvoir de chambouler les mondes.Y compris ceux qu'on devrait laisser intacts C'est si bon de la regarder. De suivre la courbe douce de ses reins, celle de son dos gracile. De l'observer marcher, droite, fière, mais avec douceur, comme avec recueillement. Elle est allée dans la salle à manger et le monde s'est terni. La vie s'est appauvrie. Hollande a des mains de lumière. C'est une belle personne. La meilleure qu'il ait jamais rencontré. Et il ignore quand il a cessé de l'aimer. Il me semble capital que les gens reconnaissent l'importance de l'infime, qu'ils comprennent que toute chose compte à égalité, les femmes autant que les hommes, les vers de terre autant que les rois. Et qu'il n'est rien de grand si ce n'est là vie elle même. Il y a dans son rire quelque chose qui rend le monde plus lumineux La vie est sans doute toujours difficile. Même en plein soleil, nous abritons en nous des vallées de ténèbres. Est ce le prix à payer pour être humain? Dieu est censé avoir créé l'homme à son image - que faut il en déduire ? Celui qui s'adonne à l'activité douteuse de lire l'histoire de l'humanité ne peut que penser : ceci n'est pas l'histoire de l'humanité, ce sont les annales de l'enfer. C'est peut être, avais je suggéré, le diable qui a créé l'homme et quand dieu a vu qu'il était trop tard pour l'effacer, il nous a donné la mauvaise conscience et la musique. Il y a dans son attitude comme une hésitation qui la rend irrésistible. Et son sourire fait dévier la course des planètes Parce que toutes les choses que tu m'as données seront toujours là, cassées, mais je ne les jetterai jamais Au moment où elle m'a souri, les dieux ont été appelés à la hâte pour remettre le monde d'aplomb Peut être que l'être humain se rappelle rarement de ses moments de bonheur sans éprouver de la douleur L'amour à tellement de visages, il peut traverser l'enfer et en sortir indemne, il met en émoi le royaume des cieux
Noté 10/10 par Marjorie Pouderoux
Un des plus beaux livres que j’ai lu.
Pas tout adhéré à cette lecture…
Grand romancier contemporain islandais