
2016
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Valérie Zenatti
Résumé
Tal a dix-sept ans, des parents et un frère qu'elle adore. Elle rêve de devenir pédiatre ou cinéaste, elle n'a pas encore décidé. L'avenir lui semble insaisissable, peut-être parce qu'elle vit à Jérusalem où les attentats se succèdent et peuvent ôter la vie à n'importe qui, n'importe quand, à la terrasse d'un café, dans un bus ou un centre commercial. Un soir de septembre, un attentat-suicide a lieu près de chez elle, tuant une jeune fille qui devait se marier le lendemain. Les questions se pressent dans la tête de Tal : comment peut-on se faire exploser au milieu de gens ? Et pourquoi ? Elle veut savoir. Elle veut comprendre ce conflit commencé avant sa naissance, elle veut connaître cet "ennemi" palestinien dont elle ne sait rien. Parce qu'elle croit au pouvoir des mots, parce qu'elle ne supporte pas de laisser gagner la haine, elle écrit une lettre, la glisse dans une bouteille et la confie à son frère Eytan, qui fait son service militaire à Gaza. Dedans, elle a noté son adresse électronique. Une correspondance vertigineuse s'engage alors avec un mystérieux "Gazaman"...
C’est grâce à ce livre que l’on comprend que les médias nous induisent en erreur et que la haine n’engendre que la haine. Récit touchant, histoire d’amour touchante
Alors, j’ai pris la seule décision qui vaille. Je me suis juré de partir d’ici. De quitter cet endroit maudit pour vivre libre dans un monde libre, dans un monde où aucun coup de feu ne m’empêcherait d’être avec qui je voulais être, là où je voulais. J’ai pris les livres de mon père et j’ai étudié, étudié, je me suis noyé dans ses livres. Le frère de ma mère, Hassan, m’a dit que, si j’avais un bon niveau, je pouvais obtenir une bourse d’études au Canada. Je me suis débrouillé pour ne pas avoir un bon niveau mais un niveau excellent. J’ai rempli des dossiers, présenté un concours par correspondance. J’ai espéré. Désespéré, aussi. Aujourd’hui, j’ai eu la réponse : je suis admis. J’en tremble. Je vais avoir le droit, pour quelques années, de vivre comme Paolo et Willy. Je vais devenir médecin. Ensuite, je reviendrai sur cette terre où je suis né. J’espère, j’espère tant que les choses auront changé, que nous aurons un État, que les sirènes des ambulances ne hurleront plus que pour les accidents de la route et les crises cardiaques. Mais, pour l’instant, je ne veux penser qu’à moi. Juste à moi. J’ai aimé te lire et t’écrire, Tal. Tu comprends peut-être aujourd’hui que, parfois, ça n’a pas été facile pour moi de le faire, et pas pour des raisons politiques. Tu es une fille bien. Généreuse. Et fragile. Bien sûr, on pourrait continuer à s’écrire, la Toile le permet, mais je veux effacer, pour un temps, ces dernières années de ma mémoire, et tu en fais partie. Je veux être neuf, là-bas, au Canada. Ne pas être rattaché à cette terre qui tremble jour et nuit, cette terre qui t’empêche de dormir, d’être égoïste. Un jour vous, nous, nous nous apercevrons qu’il n’y a pas de gagnant possible dans la violence, que c’est une guerre de perdants. Un gâchis. Mais je ne t’oublierai pas complètement, Tal. Un jour, tu m’as dit qu’il fallait tout répéter avec moi. C’était vrai. Alors, toi et moi, on va répéter le miracle de la bouteille. Je l’emporte avec moi. Et je te donne rendez-vous dans trois ans, le 13 septembre 2007, à midi, à Rome, devant la fontaine de Trévise. Paolo m’a longuement parlé de cet endroit, et ce sera en souvenir du film avec Audrey Hepburn que tu étais allée voir à la cinémathèque. J’aurai ta bouteille sous le bras. C’est très romantique, n’est-ce pas ? Mais l’idée me plaît, je suis même impatient de pouvoir être romantique. Dans trois ans, c’est une promesse. D’ici là, bonne route à toi, Naïm
En vrai c'est un peu kitch mais j'ai beaucoup aimé, j'ai trouvé cette histoire très instructive.
Superbe
Très touchant et met en avant la situation dramatique de certains pays