
2025
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Shelley Read
Résumé
Va où la rivière te porte
✨ Résumé : Victoria Nash a dix-sept ans, et elle gère d'une main de maître le verger de pêches de son père, à Iola, petite ville du Colorado nichée entre les montagnes de la Big Blue Wilderness et la rivière Gunnison. Lorsqu'elle rencontre par hasard Wilson Moon dans les rues d'Iola, la vie semble lui sourire. Wil est un jeune vagabond au passé mystérieux, à la peau brune et aux yeux aussi noirs et brillants que des ailes de corbeau. L'étincelle qui s'allume entre eux va déclencher autant de passion que de malheurs. Au cœur des lacs, des montagnes, des rivières, Victoria doit faire face aux changements de son temps tout en sauvant sa propre vie et celle de son verger. ✨ Mon avis : Encore un livre extrêmement touchant qui m’a mis le moral dans les chaussettes (il faut que le prochain soit plus joyeux). Je l’avais offert à Alex après être tombée dessus par hasard, la quatrième de couverture ne disait pas grand-chose si ce n’est que ça impliquait un personnage autochtone, sujet dont je parle beaucoup à Alex car elle ne connaît pas du tout et qu’elle trouve ça très intéressant. C’est aussi la jolie couverture qui m’avait tapé dans l'œil. La première claque, c’est le fait que Wilson Moon meurt dans le premier tiers. Je pensais que l’histoire d’amour allait porter tout le roman, alors le voir mourir si tôt et de façon si brutale m’a clairement étonnée. Le reste, du début à la fin, est très noir ; ça parle de racisme, de misogynie, de mort, de meurtre, de violence, de pauvreté, de fermeture d’esprit, de territoires magnifiques inondés par la construction de barrages, de destruction progressive de la nature … Et pourtant, le style d’écriture est aussi idyllique : ça parle d’amour, et même de coup de foudre, d’un Wilson Moon calme et très proche de la nature (une vraie force tranquille), d’une femme qui s’émancipe peu à peu pour devenir celle qu’elle a toujours eu envie d’être, de la nature magnifique autour d’Iola (la Big Blue Wilderness, les rivières, les forêts, qui sont si bien décrites avec un style lyrique magnifique). Cette dualité est très surprenante mais aussi très stimulante et je n’arrivais pas à décrocher du livre. L’histoire est touchante du début à la fin, notamment avec l’écriture à la première personne. On suit l’histoire de Victoria, depuis l’adolescence jusqu’à la quarantaine. Ce format long, comme dans Nos Armes, nous pousse à nous attacher fortement à cette personne qui grandit sous nos yeux. De la jeune fille serviable, qui sert les hommes de la maison depuis le décès de sa mère, qui ne questionne jamais les ordres, à celle qui tombe amoureuse d’un autochtone (victime de racisme dès son arrivée à Iola, et ensuite battu à mort par le frère de Torie et un autre garçon, à 17 ans), à celle qui découvre après la mort de son premier amour qu’elle est enceinte de lui, qui fuit dans la montagne pour accoucher loin de sa famille et de la honte associée, à celle qui abandonne son bébé auprès d’une autre famille qui aura davantage les moyens de l’élever, qui rentre chez elle pour voir son père décéder peu de temps après, à celle qui prend en charge la ferme familiale puis décide de déménager avant la création du barrage en emportant avec elle tous les pêchers de son grand-père, à celle qui vieillit en se demandant ce que devient son fils, puis qui arrive finalement à renouer contact avec la mère adoptive et à rencontrer son fils, désormais âgé de 21 ans et fraîchement revenu de la Guerre au Vietnam à laquelle il a été obligé de participer. Entre autres, j’ai adoré son amitié surprenante avec Ruby-Alice, et avec Zelda sur la fin. Le contexte de Guerre au Vietnam habite la dernière partie du livre ; je ne savais pas que les dates de naissance avaient été tirées à la loterie pour déterminer quels garçons devaient partir à la guerre. C’est tellement à échos dystopiques. Je me coucherai moins bête. Pfiou, que de rebondissements. J’étais tenue en haleine du début à la fin, même si la fin est un peu simpliste, on se dit que Victoria a suffisamment souffert et qu’il était temps que quelque chose de positif lui arrive. Magnifique. Ça m’a quelque peu rappelé Ne Tirez pas sur l’Oiseau Moqueur (qui est d’ailleurs mentionné dans ce livre).