
C'est bien foutu. L'idee du point de vue de l'oeuvre est réussi. L'histoire est évidemment tragique. Ce qui l'empêche de trop ver cette BD géniale c'est le trait de Luz : pas ma came. Le traitement du nazisme dont l'horreur va jusque dans l'art est réussi et prend aux tripes(une bonne piqûre de rappel).
Très beau roman graphique lu à travers le tableau d’Otto Mueller “deux filles nues” de sa création jusqu’à son accrochage finale au musée de Cologne, en passant par différentes mains et différents murs à travers son histoire. Ce tableau comme témoin et son cadre comme une fenêtre ouverte sur cette histoire dont nous sommes spectateur. L’approche est irrésistiblement originale.
Luz
Club de lecture - BD
Magnifiques dessins de Luz, rescapé de Charlie car le hasard a voulu qu'il nous enchanté encore et toujours. Histoire d'un tableau d'octobre Mueller sur plusieurs décennies avec la traversée de la seconde guerre mondiale.
De Luz. Crayon subjectif. On est à la place d’un tableau d’Otto Muller qui sera déclaré dégénéré par le régime nazi. A travers ses différents propriétaires on suit l’histoire pendant la guerre et ensuite. Telerama : Allemagne, 1919. Otto Mueller peint Deux Filles nues. En rupture avec le symbolisme, ce peintre qui se revendique « libre », et soigne sa tuberculose au tabac, se rapproche du courant expressionniste. Pourtant, ce n’est pas tant ce personnage fort en gueule que suit Luz dans son nouvel album, mais le destin de son tableau. Achetée par un riche collectionneur juif, confisquée par les nazis, puis présentée lors de la grande exposition consacrée par le IIIᵉ Reich à l’« art dégénéré » en 1937, vendue aux enchères à la fin de la guerre, puis restituée aux héritiers de son propriétaire légitime, la toile fait aujourd’hui partie de la collection du musée Ludwig, à Cologne. La performance de Luz est à la hauteur de la contrainte qu’il s’est imposée : raconter plus d’un siècle d’histoire à travers le regard du tableau, en vision subjective ! Le monde extérieur apparaît à mesure qu’Otto Mueller trace les contours de ses personnages et pose ses couleurs sur la toile, faisant de ces deux filles nues – et, à travers elles, du lecteur – les témoins privilégiés des péripéties à venir. Au fil de ses multiples changements de mains, l’œuvre assiste aux soubresauts de la République de Weimar, à l’évolution des mœurs, à la déliquescence de la société allemande et, bien sûr, à l’inéluctable montée du nazisme. Une très belle idée tant graphique que narrative, que le dessinateur tient sur près de deux cents pages et exécute sans ses grands effets coutumiers, par petites touches, avec une économie de moyens remarquable. Tout se passe – presque – hors champ ; il suffit d’un détail en arrière-plan, d’un graffiti, d’une micro-scène aperçus par la fenêtre pour saisir ce qui est à l’œuvre. Certes, le procédé a déjà été utilisé en bande dessinée, mais rarement avec autant de maîtrise et de pertinence. Non sans résonances avec le climat social actuel, cette plongée dans l’« art dégénéré » donne aussi à celui qui fut longtemps dessinateur de presse l’occasion d’emprunter les pinceaux et la palette des plus grands, et de jouer brillamment les faussaires à l’occasion. Remarquable.
Luz en pleine maîtrise de son art, de son trait, et qui sait se réinventer Une leçon de dessin, de cadrage, de dynamisme, de rythme