La grande qualité de ce film est ses deux acteurs. Le premier, Jean Gabin, qui était à cette époque un monument du cinéma. Il en impose des les premiers instants, et pas seulement grâce à sa corpulence… Quand on le découvre, il est question du temps qui a passé en France durant ses cinq années en prison. Il ne reconnaît plus la France.
Le second, Alain Delon, est encore jeune, mais déjà connu, et la même année que le sortie de notre film, allait connaître l’un de ses grands succès avec le Guépard. Il n’est pas spécialement musclé, alors tout passe par le regard. C’est ça la grande force de Delon et qui fera sa renommée.
On peut dire que ce film c'est la rencontre de deux générations mais il faut surtout dire que c'est la rencontre de deux mentalités que le réalisateur met bien en opposition. Charles, le personnage joué par Gabin, est le truand réfléchi et méfiant qui sait bien, qui a toujours su, que le diable se cache dans les détails alors que Francis, joué par Delon, est un impulsif qui la joue à l'improvisation "ça passe ou ça casse". Mais plus que ça, Charles est courtois, respectueux des autres (il l'a sûrement toujours été) tandis que Francis est odieux avec sa mère, avec les femmes, en bref, d'une rare insolence (il le sera toujours).
Les deux hommes se retrouvent à Cannes pour le casse du siècle. Concernant ce vol, je crois que le film a pris un méchant coup de vieux. N'allez pas vous imaginer un "Ocean eleven". Dans sa conception, comme dans sa réalisation, le casse du casino reste tout à fait simple. Il n'empêche que la tension existe. C'est là une des forces principales du cinéma de Verneuil : avec pas grand chose, il arrive à installer un vrai climat, un suspense encore valable de nos jours
Un film de 1963 à regarder en n’oubliant pas cette époque. Car pendant fort longtemps, tout était tourné en studio. Et cela se voit assez bien, rien qu’avec la fausse mer. Pourtant dans les années 60, on commençait déjà à tourner en milieu naturel. Sûrement une volonté de Gabin de vouloir rester en région parisienne, lui qui semble t’il n’aimait pas spécialement le sud. Si on enlève ce défaut, le reste de la mise en scène est quant à elle parfaitement exécuté. On a beaucoup de jeu de caméras avec l’utilisation de miroir pour inclure tout le monde dans le cadre par exemple.
Les dialogues quant à eux sont très percutants, c’est-à-dire agressif et mordant.
Le final est assez marquant et ironique. Les cambrioleurs ne se font certes pas prendre mais ils perdent l’argent. Des sortes de « héros » maudit mais surtout que bien mal acquis ne profite jamais.