Recommandé par Memorizer, car vous avez aimé 'Aya de Yopougon'.
Fin des aventures du petit Riad.
Le meilleur de la série
du 23 au 24 juin 2023
Plus d’émotions dans celui-ci, c’est la fin et tout se dénoue..
Les 176 pages du dernier chapitre des mémoires de Sattouf, en tous cas pour la partie de sa vie qui a autant dépendu de son père, ce fameux « arabe du futur » bien vite retourné vers le passé le plus conservateur, couvrent cette fois plus de quinze ans. Quinze ans qui nous permettent de comprendre aussi, même si ce n’est pas le sujet premier du livre, l’accession du jeune Sattouf au succès professionnel, en parallèle avec sa libération progressive de l’influence néfaste de son père, grâce en particulier à une psychothérapie qui semble lui avoir quasiment sauvé la vie, alors qu’au sortir de l’adolescence, il s’enfonçait dans la détestation de soi. Il faut bien reconnaître que ce dernier chapitre est le moins… divertissant, le moins drôle aussi, de tous : alors que Riad connaît toutes les galères possibles – amour, santé, travail, finances, rien ne va -, sa famille s’enfonce, elle, dans les malheurs de l’âge qui avance, de la vieillesse qui détruit corps et esprits. Souvent terriblement triste – parce que, comme toujours avec Sattouf, terriblement juste – l’Arabe du Futur 6 est sans doute le volume plus bouleversant, le plus fort émotionnellement de la série. Les fans y croiseront avec plaisir des figures importantes de la BD française moderne (Guy Vidal, Emile Bravo) mais aussi l’équipe de Charlie Hebdo, qui contribueront tous à la reconnaissance du travail de Riad : ces passages donnent d’ailleurs envie de lire un jour une autobiographie de Sattouf qui se concentre sur son Art. Les passionnés de psychothérapie et de psychanalyse apprécieront le sérieux avec lequel l’auteur aborde le sujet, et montre de manière très simple, très visuelle, comment ce travail l’a aidé à sortir du trou. Et ceux qui aiment avant tout Sattouf pour son humour ? Moins gâtés sans doute ici, on l’a dit, ils apprécieront la jolie idée de faire commenter les péripéties de la vie du jeune Riad par son père, jamais avare de critiques et moqueries : on n’est pas si loin du diablotin parlant dans la tête de Milou chez Hergé, mais chez Sattouf, on tient là aussi l’illustration parfaite du « mal » fait par le père à ses enfants, qu’il hante comme un fantôme. Voilà, on referme ce livre sur une jolie conclusion – que nous ne spoilerons pas – avec beaucoup de joie. Et avec la tristesse de savoir qu’il n’y aura pas de tome 7. Mais, loin de la Syrie dévastée, et une fois le fantôme du père chassé, la vie de Riad Sattouf continue : cela nous promet encore beaucoup de très beaux livres comme l’Arabe du Futur.