7.6/10
2013
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Drama
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1h38
Summary
A New York socialite, deeply troubled and in denial, arrives in San Francisco to impose upon her sister. She looks a million, but isn t bringing money, peace, or love...
Recommandé par Memorizer, car vous avez aimé 'Darling'.
Blue Jasmine s’ouvre par une scène où Jasmine, personnage principal, discute tranquillement avec sa voisine d'avion, peut-être une amie, en première classe, évoquant de menus problèmes de pauvres petites femmes riches. Quelques instants plus tard, on comprend que sa voisine, une totale inconnue, a subi son monologue pénible, égocentrique et parfois indécent pendant tout le vol. Le principe est lancé : Jasmine se trouve en permanence dans un décalage absolu avec la réalité qui l'entoure. C'est par cette dynamique que Blue Jasmine commence d'emblée comme une comédie, grâce à ce ressort très efficace : Jasmine paniquée dans la rue face à un immeuble un peu défraîchi, Jasmine angoissée face à son chauffeur de taxi qui l'approche un peu trop, Jasmine clamant qu'elle est ruinée, ses valises Vuitton à côté d'elle. Ses névroses se fondent très bien dans l'univers habituel des scènes comico-amères de Woody Allen. Jasmine a été adoptée mais a toujours cru qu’elle méritait ce qu’il y avait de mieux dans sa vie. Peut-on y voir une forme de revanche ? Allez savoir. Sa demi-sœur a aussi été adoptée Elle est en revanche convaincue que, faute de gênes adéquats, elle est destinée à la médiocrité sous toutes ses formes : mauvais job, mauvais appartement, mauvais enfants, mauvais mari. Jasmine a elle épousé un riche individu qui s’est avéré être un escroc de Wall-Street. Arrêté par le F.B.I., il finit par se suicider, laissant son épouse dans une panique totale et sans un dollar en poche, ou presque. Prise au dépourvu, Jasmine se réfugie dans le taudis de sa sœur qu’elle a magistralement ignorée pendant des années. Son espoir ? Rebondir, faire des études, trouver un autre homme qui saura prendre soin de son compte en banque. La cohabitation entre Jasmine, sa sœur et l’univers de celle-ci va se révéler compliquée (voir impossible) et souvent très amusante à regarder. L'enjeu majeur du scénario est de savoir si Jasmine se relèvera, si elle surmontera ses névroses, son passé, son mépris. La réponse du réalisateur, cruelle, est implacable. Non, Jasmine est définitivement perdue, d'emblée. Son visage est comme fané et seules quelques miettes de sa grandeur subsistent entre les plissures de l'alcool et la folie qui guette. Le masque social est brisée, la marionnette n'a plus rien à jouer. Pantin grinçant et déambulant dans un San Francisco réaliste et pas vraiment idéalisé, Cate Blanchett est absolument sidérante, tétanisante même. Sa performance stratosphérique est absolument sciante, et la construction du film rend toute l'ampleur schizophrénique d'un tel jeu. C’est sûrement l’un des rôles les épuisants de sa carrière, devoir jouer une femme déshonorée et aux abois, alternant les phases d’hystérie, de crises de larmes, de désespoir et de renouveau. Devoir toujours être sur le fil du rasoir, à la limite de la folie. Mais elle est bluffante, du début à la fin. Vraiment un de ses meilleurs rôles. D’ailleurs, elle a été récompensé pour son travail avec l’oscar de la meilleure actrice. Et puis sa voix ! Elle sait jouer de sa voix comme aucune autre. Je pourrais l’écouter sans limite. Impitoyable, la caméra traque en gros plans sur son visages toutes les fissures, tous les mensonges qu'elle s'inflige à elle-même pour rester un peu dans le rêve. Le scénario, gentiment sadique, révèle à la fin les ultimes zones d'ombres qui restaient et enfoncent le clou. Non seulement c'est une femme perdue, mais elle s'est elle-même perdue. Immense cruauté que le parcours de cette femme, emmurée dans un monde factice qui lui plaisait tant, et qui, parce que pour une fois elle avait voulu s'en extirper quelques instants, se montrer active et non plus simple jouet, tout s'est écroulé sur elle et l'a jeté dans un abîme de souffrances psychologiques. Les derniers plans sont irrévocables, amers. Jasmine n’est pas la seule qui voit son récit conter, il y a aussi les récits périphériques, avec la sœur adoptive et de ses losers de conjoints. Cette fois, la satire fonctionne moins bien, comme si Allen, le grand bourgeois New Yorkais, était incapable de filmer les petites gens. Entre mépris, clichés et tendresse, on sait trop où il cherche à se situer. La sœur s'habille mal, parle mal, est relativement vulgaire, ses mecs sont tous plus cons les uns que les autres. Il y a certainement un peu de maladresse là-dedans, mais seul compte ce que filme le cinéaste : un fossé. Ces gens ne peuvent s'entendre entre eux, et Jasmine, trop fière, trop folle pour se l'avouer, préfère se draper dans un rideau de mensonges avant de quitter, altière, l'appartement, plutôt que de perdre la face et redevenir humble. Il faut dire que Woody Allen semble avoir un problème à envisager la vie humble et normale sans en faire quelque chose de sordide. Ici on n'exerce que des professions "humiliantes" et ceux qui occupent les places un peu plus confortables (le dentiste), sont montrés comme des dépravés. À la fin même, la demi sœur, Sally Hawkins, qui est très bien dans le rôle de cruche au grand cœur, finit heureuse dans les bras de son « looser » de copain après avoir rembarré sa sœur qui l’insultait encore de bon à rien. La morale sous-entendrait donc que se contenter de peu est peut-être la clé du bonheur... On rit, dans Blue Jasmine, bien sûr. Les dialogues et les situations s'y prêtent. Mais c’est plus de la tragi-comédie. La caméra, quant à elle, nous montre un San Francisco toujours aussi cinégénique mais filmé ici dans sa version prolétaire. Et pour les flashbacks, l’image se fait plus jaune afin justement de nous indiquer les souvenirs de Jasmine. Moyen efficace de ne pas être perdu puisque le film alterne entre les moments du présent et ceux du passé et ne prévient pas quand il effectue des retours en arrière. Au final, une comédie humaine qui n’a, pour moi, que pour seul intérêt Cate Blanchett qui a su exprimer la détresse, l’humanité d’un personnage cynique et snob, en lui apportant une telle grâce qu’on éprouve de la sympathie, là où on aurait pu se dire : « bien fait, une chute méritée ». Et c’est à ça qu’on reconnaît le talent.
Canal plus Film américain de Woody Allen avec Cate Blanchett, Alec Baldwin, Sally Hawkins, Louis C. K. (1 h 38).
Cate Blanchett exceptionnelle.
Cate blanchett folle et alcoolique va vivre à sf car elle est ruinée et trompée par son mari. Chouette, drôle, un peu cruel.
🎬 Une bonne comédie dramatique écrite et mise en scène par Woody Allen. Cate Blanchett, à juste titre oscarisée pour ce rôle est réellement phénoménale, elle est superbement entourée par un solide Alec Baldwin et une très efficace Sally Hawkins. On est accroché à cette histoire du début à la fin, qui arrive bien vite sans aucune longueur ni ennui. Un film d'une grande noirceur malgré quelques répliques à l'humour piquant, qui dévoile petit à petit un personnage féminin tourmenté, complexe, à la limite de la folie. On est emporté. 🎬 🎬 🎬