Passionnant et intelligent
Un vrai coup de cœur ❤️. Une série écrite par Noé Debré (l’auteur de Parlement). Très librement inspiré de la vie de Delphine Horvilleur. C’est drôle, intelligent et émouvant. Les personnages sont plus qu’attachants. On espère une saison 2
Quelle douce série ! Et si drôle…
À la fois philosophique , drôle et instructif sur la religion juive . Cerise sur le gâteau, la chanson qui termine la série et celle d’Anne Sylvestre : des gens qui doutent.
Série dramatique • 2025 • de Noé Debré, Benjamin Charbit, Elsa Mané, Julien Sibony • France • Elsa Guedj, Eric Elmosnino, Manu Payet, Noémie Lvovsky. Léa, 28 ans, décide de devenir rabbin, une ambition qui la place en marge du paysage religieux français. Déterminée mais assaillie par les incertitudes, elle n'a de cesse de jongler entre sa vocation spirituelle, un père athée qui défie ses convictions et une vie sentimentale tumultueuse. La vie de Delphine Horvilleur, figure emblématique du rabbinat féminin en France, prend vie dans cette dramédie de huit épisodes, qui explore la quête de sens, la place des femmes dans les institutions religieuses et les enjeux de la vie et de la mort. ▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️▪️ Ah non, pas la femme rabbin […], ça fait homme-grenouille ! » L’intrépide rapprochement émane du propriétaire (impayable ) d’une petite synagogue libérale de Strasbourg au moment d’accueillir, pour son premier poste, la rabbine Léa Schmoll (Elsa Guedj, tout en sobriété, coiffée d’un singulier piquant). Récit initiatique au côté d’une héroïne dont la fonction même est une rareté dans le paysage hexagonal ; regard en coulisses sur un métier qui prend à bras-le-corps le symbolique et le rituel ; inventive parabole prompte à immerger, sans déférence, la foi dans le grand bain de l’existence, la série de Noé Debré et Benjamin Charbit fait entendre la même gamme de convictions qui nous avait cueillie dans , réalisé par le premier des deux. Ou comment ne rien escamoter du réel – compris –, tout en désamorçant sa violence par un humour frondeur et une tendresse qui tutoie le courage. Au commencement était le livre de , Vivre avec nos morts (Grasset, 2021), patchwork d’histoires récoltées au fil des obsèques où officie la célèbre rabbine. Le duo de scénaristes s’en est librement inspiré pour camper Léa et ceux qui viennent la consulter dans ces moments existentiels – enterrement, mais aussi mariage ou baptême… Un couple se déchire : faire circoncire ou non leur nouveau-né ? Le pilote en dit long en prenant le problème par le petit bout… Le dilemme se vit dans nos chairs, expérience humaine partagée par tous. Confrontée, au fil des épisodes, à l’épaisseur de nos vies minuscules, portée par la vocation et pétrie de doutes, Léa tente de donner un sens aux choses, en puisant dans ces textes sacrés qui n’en ont jamais fini, selon l’art de l’herméneutique talmudique, de susciter d’autres questionnements. Filant à vélo au bord des canaux de Strasbourg, la rabbine pédale et rétropédale, incarnation d’une pensée en mouvement qui gagne le spectateur. Et son dialogue n’est pas qu’intérieur… En témoigne une fabuleuse scène de débat interconfessionnel où elle s’écharpe avec son homologue masculin orthodoxe, tous deux accaparant le micro et privant de parole les autres représentants de culte, comme ses passe-d’armes à la table familiale, avec son propre père, psychanalyste de son état (Éric Elmosnino)… Sur le terrain des âmes, la concurrence générationnelle fait rage, alimentée par la déception du paternel face à sa progéniture « qui se prend pour Don Camillo ». Depuis leurs chapelles métaphysico-névrotiques, l’irrésistible duo de comédie atrabilaire poursuit pourtant, d’écoute en interprétation, un même horizon : permettre à chacun d’élaborer un récit avec lequel vivre. « En quoi cette nuit est-elle différente des autres nuits ? » Lors du repas cérémonial de Pessah, Léa prononce la formule consacrée, cette version interrogative du « Il était une fois » des contes de fées où résonne la recherche de la particularité. On y entend le leitmotiv d’une série qui voit, dans la quête du singulier, le chemin du commun, et dans la célébration de la nuance, une résistance. Alors que le refrain d’Anne Sylvestre J’aime les gens qui doutent vient bercer de son impertinence les dernières scènes, on se surprend à frémir d’émotion : tant d’esprit et d’espoir mêlés, cela nous avait manqué. TÉLÉRAMA • Par Marjolaine JARRY • Publié le 28 mars 2025.
Max