Je repoussais le moment pour voir ce film, mais en période de Lynch, il serait dommage de zapper celui là, qui me semblait si singulier dans sa filmographie. Et Inland Empire était bien trop long pour ce soir. Alors… je me suis lancé.
Je ne vais pas dire que je n’ai pas vu le temps passé, et la fatigue du jour a créé quelques moments difficiles. Mais Lynch est vraiment un super réal. Il n’y a pas d’artifice ici, pas de bizarreries, d’images incompréhensibles… et l’ensemble est beau, poétique, profond, prend son temps.
Lynch joue avec le temps. La scène où il part de la tondeuse pour filmer le ciel, fait un fondu enchaîné très visible toujours sur le ciel (pour montrer le temps qui passe) et revient sur la tondeuse… qui a à peine avancé, nous montre ce qu’il veut nous faire vivre. Une expérience du temps, du temps à prendre quand il reste peu de temps, quand on va en paix et malgré les embûches vers un but précis. Le personnage principal est cabossé et ralenti, son moyen de transport est un des plus lent qu’on puisse choisir, la route est longue…
Lynch prend plaisir à filmer simplement ce personnage principal, qui est plein de truculence et de justesse. Les scènes de ses rencontres avec des protagonistes sont superbes, pleine de sincérité, d’échanges vrais, avec ce qui est dit et tout ce qui ne l’est pas.
Repenser à ce film en montre toute sa richesse que la lenteur (et quelques ennuis) aurait pu me faire zapper.
L’ultime scène des retrouvailles est superbe, sobre, pudique et pleine d’amour. Ces retrouvailles simples de deux frères qui vont une nouvelle fois regarder les étoiles ensemble. Et tout ce chemin comme une preuve d’amour qu’aucun mot ne serait expliqué. Ce qu’il a fait et le fait qu’il soit là suffit à ce frère pour être touché… et ne rien dire.
