
2018
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Yasmina Reza
Résumé
"Tout le monde riait. Les Manoscrivi riaient. C'est l'image d'eux qui est restée. Jean-Lino, en chemise parme, avec ses nouvelles lunettes jaunes semi-rondes, debout derrière le canapé, empourpré par le champagne ou par l'excitation d'être en société, toutes dents exposées. Lydie, assise en dessous, jupe déployée de part et d'autre, visage penché vers la gauche et riant aux éclats. Riant sans doute du dernier rire de sa vie. Un rire que je scrute à l'infini. Un rire sans malice, sans coquetterie, que j'entends encore résonner avec son fond bêta, un rire que rien ne menace, qui ne devine rien, ne sait rien. Nous ne sommes pas prévenus de l'irrémédiable."
Une fête entre voisins tout ce qu'il y a de plus classique. Jean Lino et sa femme Lydie, les voisins du dessus sont là aussi. A la fin de la soirée, chacun repart chez soi, puis Jean Lino redescend sonner chez les voisins qui organisaient la fête : il vient de tuer sa femme. Je n'ai pas aimé la façon dont s'est écrit. Pas le coup de foudre.
Je suis très fan de cette autrice avec cette écriture si particulière, si fournie, si inattendue dans ses suites d'idées au milieu d'un contexte si compliqué. J'aime beaucoup les personnages dans une complexité progressive, autour d'une vie simple, sociale et finalement tellement dramatique. Je recommande.
Toujours un melange d’humour et d’inattendu
Une amitié, un assassinat féminicide, étrange, à la limite de l'absurde, fin pas inoubliable mais du coup intrigante. Bien écrit ... on va au bout.
« La femme doit être gaie. Contrairement à l’homme qui a droit au spleen et à la mélancolie. À partir d’un certain âge, une femme est condamné à la bonne humeur. Quand tu fais la gueule à 20 ans, c’est sexy, quand tu la fais à 60, c’est chiant. » « Le passé s’effondre à une vitesse ! » « dans la liste des concepts creux, on avait mis en bonne place « le devoir de mémoire ». Quelle expression inepte ! Le temps passé, en bien ou en mal, est une brassée de feuilles mortes auxquels il faudrait mettre le feu. On avait aussi distingué « le travail de deuil ». Deux expressions absolument vides de sens et qui plus est contradictoires. » p. 142- 143 J’ai pris en grippe le mot recueillement. Le principe aussi. C’est devenu la grande mode depuis que le monde fonce vers un indescriptible chaos…. Même la vertu n’est pas sérieuse…. Dans un sens ou dans l’autre, la vertu ne tient pas. Elle ne peut exister qu’à notre insu. p.199 Il me faut avouer avoir éprouvé une certaine délectation à annoncer la chose. On n’ est pas fâché d’être le porteur d’une nouvelle sensationnelle. Mais il aurait fallu s’en tenir là. Pouvoir raccrocher aussitôt et n’être entraîné dans aucun bavardage. Il n’y a pas de pureté dans la relation humaine. la pauvre. Je me demande si le mot convient. On ne peut soumettre que des êtres vivants aux critères de notre condition. C’est absurde de plaindre un mort. Mais on peut plaindre la destinée. Le mélange de la souffrance et d’une probable inanité. »
Ou une soirée qui tourne mal...