
2023
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Sorj Chalandon
Résumé
Un jour, grand-père m'a dit que j'étais un enfant de salaud. Oui, je suis un enfant de salaud. Mais pas à cause de tes guerres en désordre, papa, de tes bottes allemandes, de ton orgueil. Ce n'est pas ça, un salaud. Ni à cause des rôles que tu as endossés : SS de pacotille, patriote d'occasion, résistant de composition. La saloperie n'a aucun rapport avec la lâcheté ou la bravoure. Non. Le salaud, c'est l'homme qui a jeté son fils dans la vie comme dans la boue. Sans trace, sans repère, sans lumière, sans la moindre vérité. Qui a traversé la guerre en refermant chaque porte derrière lui. Qui s'est fourvoyé dans tous les pièges en se croyant plus fort que tous, qui a passé sa guerre puis sa paix, puis sa vie entière à tricher et à éviter les questions des autres. Puis les miennes. Le salaud, c'est le père qui m'a trahi.S.C.Pudique et courageux, bouleversant. Les Échos.Un livre rare, un livre de combat, de dégoût et d'amour. Cet opus-là est d'une puissance encore supérieure à tout ce que l'auteur a précédemment écrit. Challenges.
Répétitif, écriture lourde
Glaçant et inoubliable récit d’un fils en quête de vérité sur ses racines. En 2020 alors que son père est mort depuis plusieurs années l’auteur découvre le casier judiciaire de son père et découvre enfin la vérité sur son père qui s’est engager durant la guerre dans 5 armées différentes et à chaque fois déserté…
Un livre courageux et très bien écrit sur ce parallèle du père qui s’est imaginé 1000 vies pendant la guerre et qui voit ses mensonges se refermer peu à peu sur lui et le procès de Klaus Barbie de 1987, déjà pris au piège par la machine. Un très bon roman biographique de Sork Chalandon dans sa quête de vérité.
Récit d’un journaliste couvrant le procès de Klaus Barbie. Aux prises avec l’histoire de son père mystificateur mythomane
Se dévore. Le procès de Klaus barbie comme si on y était, la relation d’un père et d’un fils déchirante
Superbe livre ,sur la relation père fils et surtout la difficulté pour ce journaliste de connaître la vérité sur son père . Comment grandir, se construire dans les méandres des histoires irréelles racontées par ce père, qu’il soupçonne d’avoir trahi son pays, en même temps qu’il raconte le procès Barbie qu’il suit à Lyon. Très fort et bien écris . Donné à Isa
Editions Grasset & Fasquelle, 2021. Le Livre de Poche, 2023. Incipit: Dimanche 5 avril 1987 - C’est là. Je me suis surpris à le murmurer. Là, au bout de cette route. Une départementale en lacet qui traverse les vignes et les champs paisibles de l’Ain, puis grimpe à l’assaut d’une colline, entre les murets de rocaille et les premiers arbres de la forêt. Lyon est loin, à l’ouest, derrière les montagnes. Et Chambéry, de l’autre côté. Mais là, il n’y a rien. Quelques fermes de grosses pierres mal taillées, calfeutrées au pied des premiers contreforts rocheux du Jura. P. 33: - Arrête donc avec ça! a coupé ma marraine. Mon grand-père a haussé les épaules et rangé la pelle le long de la cuisinière. - Eh quoi? Il faudra bien qu’il l’apprenne un jour! - Mais qu’il apprenne quoi, mon Dieu, c’est un enfant! - Justement! C’est un enfant de salaud, et il faut qu’il le sache! C’était en 1962, et j’avais 10 ans. P. 207: Tes mensonges m’avaient fait tellement de mal que la vérité ne pouvait être pire. Il ne me restait que quelques dizaines de pages à lire avant d’aborder ton procès. Et à peine plus d’un mois pour que Klaus Barbie soit condamné. Pour moi, vos sorts étaient liés. P. 208-209: - Vous refusez de répondre au président de la cour d’assises? - Oui, je ne répondrai à rien. Le magistrat s’est tourné vers la victime. - L’accusé vous a-t-il bien dit: « Tu seras nuit et brouillard, tu n’en reviendras pas »? - Oui, il m’a dit ça avec le même air qu’il a maintenant. P. 259: Lorsque j’étais enfant, ton père m’avait offert ton « mauvais côté », un petit caillou noir que j’avais caché au fond de ma poche. Mais aujourd’hui, adulte, c’est un sac de pierres que je transportais. Je charriais ta vie de gravats et je voulais de l’aide. Tu ne pouvais pas me laisser seul avec ton histoire. Elle était trop lourde à porter pour un fils. P. 330: Et puis tu t’es retourné, laissant le fleuve te prendre. Se refermer sur toi, une huile noire, lourde et froide. Tu n’as pas nagé. Tu n’as pas lutté contre le courant. Il t’a emporté lentement, comme la branche foudroyée d’un vieux chêne. Je ne me suis pas inquiété. Je sais que tu as traversé ton lac allemand. Et que tu m’attends sur l’autre rive.