
2021
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Michel Houellebecq
Résumé
Voici l'odyssée désenchantée d'un informaticien entre deux âges, jouant son rôle en observant les mouvements humains et les banalités qui s'échangent autour des machines à café. L'installation d'un progiciel en province lui permettra d'étendre le champ de ses observations, d'anéantir les dernières illusions d'un collègue – obsédé malchanceux – et d'élaborer une théorie complète du libéralisme, qu'il soit économique ou sexuel.
Résumé : Le héros a trente ans. Cadre moyen, analyste-programmeur dans une société informatique, son salaire net atteint 2,5 fois le SMIC. Malgré cette insertion sociale, il n’attire pas les femmes. Dépourvu de beauté comme de charme, sujet à de fréquents excès dépressifs, il ne correspond guère à ce que les femmes recherchent en priorité sur le marché du sexe ou de la satisfaction narcissique. On ne connaît pas son nom mais personne ne semble s’en soucier. Joueur disqualifié mais spectateur perspicace de cette partie de faux-semblants qu’est la vie moderne occidentale, le narrateur décrit la lutte quotidienne de ses congénères, toujours en quête d’un peu d’amour, de plaisir, d’argent. Cette lutte, étendue à tous les aspects de la vie humaine sous l’influence du modèle libéral, transforme le moindre de nos gestes en un combat épique, au terme duquel notre position dans la société humaine est corrigée, à la hausse ou à la baisse. Même nos lits ne sont plus un refuge. Il faut s’y distinguer. La sexualité est un système de hiérarchie sociale. Résigné, le narrateur se place définitivement en dehors de cette lutte, enfermé dans la nostalgie de l’adolescence, son récit ne faisant toutefois jamais allusion à ses parents (sauf pour décrire rapidement la scène de sa conception) il souhaite parfois la mort sans pouvoir s’y résoudre. Extrait : « Dans un système économique où le licenciement est prohibé, chacun réussit plus ou moins à trouver sa place. Dans un système sexuel où l’adultère est prohibé, chacun réussit plus ou moins à trouver son compagnon de lit. En système économique parfaitement libéral, certains accumulent des fortunes considérables ; d'autres croupissent dans le chômage et la misère. En système sexuel parfaitement libéral, certains ont une vie érotique variée et excitante ; d'autres sont réduits à la masturbation et la solitude. Le libéralisme économique, c'est l'extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société. De même, le libéralisme sexuel, c'est l'extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société. Sur le plan économique, Raphaël Tisserand appartient au camp des vainqueurs ; sur le plan sexuel, à celui des vaincus. Certains gagnent sur les deux tableaux ; d'autres perdent sur les deux. » Avis : Emprunt d’un regard masculiniste désabusé, le texte est riche, le style est brut et facile. Malgré quelques incartades très auto satisfaite du talent d'écriture de l’auteur quand il veut perdre son lecteur pour installer sa supériorité. Car même dans sa vision du capitalisme ou il superpose l'échelle sociale à l'échelle amoureuse, sciemment, il omet de projeter son rang dans l'échelle intellectuelle (ici sous sa forme artistique) feintant d'écrire des romans animaliers. Le thème est récurrent d’ailleurs, souvent il référence l’autre sous son descriptif sociétal le plus sombre: arabe, negre, animal, et pour la société française le registre est autre, description pour le métier, ou le physique. Au final j’aime bien le roman dans son temps de lecture, mais il en reste un sentiment d'indifférence. Sauf à noter, sa prédication que la société n’est pas faite pour répandre plus d’information , et que les individus souffrant sont simplement en manque d’amour.
Petit ouvrage, le 1er de Houellebecq. On y trouve son style, la description de l’ordinaire, d’une vie moyenne, d’une misère sexuelle. C’est bien fait dans ce style.
C'est sec et on a l'impression que c'est craché d'un coup. Le style est bien du Houellebecq mais c'est rude. Je fais un parallèle avec "L'étranger" de Camus : aliénation et difficultés pour certains à trouver un sens a cette existence car il ne perçoivent que la surface de ce monde.
Quel drôle de roman, on peut se le dire. Quel drôle de personnage aussi mais bien évidemment, on en attendait pas moins de Houellebecq avec son premier roman. On accompagne donc un jeune homme d’une trentaine d’années dont la vie est assez insipide et qui ne souhaite pas particulièrement aller mieux parce que ne souhaite pas vraiment s’analyser. Je pense que c’est cela qui est le plus intéressant : de voir comment Houellebecq présente son personnage de manière relativement lointaine. On ne sait pas si cette distance vient de l’espace entre le narrateur et le personnage ou alors est juste la représentation de l’espace qu’il y a entre le personnage et lui-même. Le personnage parle d’ailleurs de dépression de manière assez lointaine, comme si ça ne le concernait pas vraiment. Ça a probablement dû être la manière dont Houellebecq a traité sa propre dépression à lui. Donc on suit ce personnage qui travaille dans un boite informatique qui ne l’intéresse vraiment pas plus que cela (la seule chose rigolote, c’est de voir que juste sur ce sujet là, le roman a bien évidemment vieilli mais bon c’est assez anecdotique). Il va devoir partir en voyage dans différentes villes françaises pour son travail et de temps en temps, il nous expose ses théories intellectuelles qui sont vraiment très pertinentes qu’on voudrait qu’il partage à la société. D’un point de vue perso en revanche, je n’arrive pas bine à suivre la manière de réfléchir de Houellebecq. Il part dans « tous les sens » pour moi ; en réalité, je trouve qu’il passe trop vite de l’abstrait, du domaine des idées à des questions physiques, matérielles ; parfois même dans la mêle phrase. Et mon cerveau n’est soit pas habitué à cela, soit je n’arriverai jamais parce qu’il n’est réellement pas fait comme cela. Mais c’est courageux de sa part de l’avoir et ça doit être une chance pour les lecteurs qui ont cette possibilité là. À la fin, il est en pleine dépression et va, sur un coup de tête, dans un endroit dans la campagne mais on ne sait pas vraiment pourquoi. On ne sait pas s’il va se suicider ou pas. La fin n’est pas très compréhensible pour moi et aurait, je pense gagner, à être un tout petit peu plu précise.
réflexion intéressante sur le libéralisme MAIS pas besoin d'être aussi degueulasse..
Banalité du quotidien Beaucoup de réflexions droles sur le monde du travail Depression Relations amoureuses et seduction : le nouveau domaine de lutte
Informaticien seul sans amis ni famille Part former des entreprises en province avec un binôme pathétique / également très seul Critique de la société qui recherche constamment plaisir / argent / amour / reconnaissance professionnelle
Triste mais tellement vrai