Logo Memorizer
Memory Image

Les particules élémentaires

logo memorizer

7.5/10

2021

Michel Houellebecq

logo memorizer

Partager le memory

Avis de la communauté

Opinion du public

user icon

72 avis

memorizer logo

7.5/10

logo memorizer

Découvrez si vos amis l'ont ajouté

Plus d'infos

Résumé

Michel, chercheur en biologie rigoureusement déterministe, incapable d'aimer, gère le déclin de sa sexualité en se consacrant au travail, à son Monoprix et aux tranquillisants. Une année sabbatique donne à ses découvertes un tour qui bouleversera la face du monde. Bruno, de son côté, s'acharne en une quête désespérée du plaisir sexuel. Un séjour au Lieu du Changement, camping post-soixante-huitard tendance new age, changera t-il sa vie ? Un soir, dans le jacuzzi, une inconnue à la bouche hardie lui fait entrevoir la possibilité pratique du bonheur. Par leur parcours familial et sentimental chaotique, les deux demi-frères illustrent de manière exemplaire le suicide occidental – à moins qu'ils n'annoncent l'imminence d'une mutation.

Avis et Commentaires

29 avis
Rosalie ZIMMERa noté ★ 2/10
13 février 2024

Michel Houellebecq

Emma Guettaa noté ★ 7/10
5 novembre 2023

Un peu trop trash, et j'ai été captivée non plus tout du long, mais intéressant et bonne fin

JY
Jean Yves Seigneurina noté ★ 6/10
13 octobre 2023

Lu en 2023

CHARLOTTE Da noté ★ 4/10
10 octobre 2023

Michel Djerzinski (expédié ds l'Yonne chez sa grandmere) // Bruno (expédié à Alger chez sa grandmere, humiliation à l'internat) écrivain raciste homophobe misogyne pédophile qui veut plaire à P. Sollers rien des choses humaines ne l'atteignent, "saloperie immonde qu'est la nature" // va en camp naturiste "La liberté des autres étend la mienne à l'infini" , "choc atroce" particulièrement sous la chaleur de l'été, "il se sentait prêt à exploser et se répandre en filaments graisseux" => INCEL +++ leur mère Janine puis Jane + Marc Djerzinski // + père Serge Clément chirugien à la clinique ds le sud Jane va ds communauté californienne avec Di Meola -> David son fils finira meurtrier ds cercles satanistes Annabelle mourira de cancer avant de devoir avorter // Christiane en fauteuil roulant après les clubs libertins, Annick fille complexée, son 1er amour, qui se fenestrera, sa femme Anne mariés lors d'une cérémonie "sinistre" Suicide en voiture ds les falaises d'irlande // Clinique psy où plu aucun désir grâce aux médocs Fin du roman: entrée ds le nouveau millénaire Bruno: considérant le passé, on a tjs l'impression - probablement fallacieuse - d'un certain déterminisme Michel et l'ex du rsx de neurones: Le comportement humain est aussi rigoureusement déterminé que celui de toutes autres systèmes naturels > caractérisable par des équations comme en mécanique quantique ; sa conclu finale: la reproduction sexuée rend l'ADN instable et donc l'humain mortel > il a trouvé comment répliquer l'ADN sans cette acte de reproduction > donner naissance à une nouvelle espèce asexuée immortelle ayant dépassé l'individualité > "la mutation ne sera pas mentale mais génétique" années 70: libération des mœurs basées sur sexe et violence / plu de religion > présenté sous forme de rêve communautaire ms en fait juste un nouveau palier dans l'individualisme (ex. Loi Neuwirth) En occident : désir > individualisation > retour de la violence physique (légitimation du viol, agressions sexuelles, tortures satanistes ?) "les serial killers sont les enfants des hippies" / "suicide occidental" ☹️ description physique lubrique / "réification" de toute femme qui entre dans le récit (seins, virginité), description violente sur le mental, "bêtes", donnent leur vie / bienveillance aux autres / dégoût de la femme vieillissante ☹️ pavé de description scientifique show-off sur la physique, les espèces naturelles etc >David "comme un essai de dernière rationalité ds cet Occident qui se délite..." LES INROCKS: Sous couvert de libération des mœurs, beatniks, hippies, féministes et autres personnages dénaturés ont fait entrer le libéralisme sauvage dans le champ libidinal, transformant ainsi l’amour en marché, si bien que la sélection sexuelle est devenue aussi impitoyable que la guerre économique, dont elle n’est qu’un versant. “Manifeste pour un communisme sexuel ”relève clairement de la science-fiction : il s’agit rien de moins que de modifier génétiquement l’être humain, d’imposer un contrôle technologique définitif sur l’homme et la nature afin de répartir équitablement entre tous, grâce à la gestion rationnelle des pulsions, les richesses orgasmiques communes. Le roman est raconté par un clone. Mais ce clone comprend-il ce dont il est le produit ? C’est toute la question. Elle permet pour une part à l’auteur de maintenir une certaine distance vis-à-vis de ces thèses. Le fantasme, en tout cas, est lui bien présent : élimination du désir et de sa charge érotique grâce à une satisfaction immédiate ; réduction de l’identité sexuelle à quelques données anatomiques simples ; développement, avec le clonage, de l’industrie qui permettra enfin l’élimination de cette source de tous les maux qu’est l’individu. Le rêve utopique dessiné par Michel Houellebecq pour en finir avec le Mal est d’en finir avec le désir, avec le langage, avec l’être humain et, surtout, avec le libre arbitre. “Je ne comprends pas comment les autres poètes arrivent à s’y soustraire, s’interrogeait-il dans un entretien. Tout le monde va au supermarché, lit des magazines, tout le monde a une télévision, un répondeur. » Le personnage qui l’intéresse, celui dont il se sent immédiatement solidaire, c’est l’homme du troupeau, l’individu moyen – le beauf comme on disait dans les années 70. Autrement dit, la particule élémentaire de la structure sociale. Houellebecq emprunte sa métaphore à la mécanique quantique, et le livre fourmille de considérations sur le sujet. Il est remarquable, cependant, que les références au théorème quantique d’Heisenberg soient utilisées dans le livre pour affirmer le contraire de ce à quoi l’on pourrait logiquement s’attendre. Selon Heisenberg, en effet, les propriétés d’une particule élémentaire observée dépendent pour partie de l’observateur : celui-ci, pour l’observer, doit la faire apparaître, c’est-à-dire la créer, ce qui ruine à la fois l’idée de science objective et celle de déterminisme. Très curieusement, les conclusions que tire notre physicien-romancier de ce phénomène lui servent au contraire de caution au déterminisme strict qui régit ses personnages particules. La “logique », les “forces gouvernantes” conduisent ses héros dans des directions que l’auteur se contente, nous dit-il, d’observer. Cette indépendance des personnages vis-à-vis de leur créateur se veut elle-même une soumission commune aux lois sociobiologiques censées gouverner et l’un et les autres. Nul ne possède d’individualité propre en dehors de la capacité de chaque corps physique à la décrépitude et – surtout les femmes – à la mort. Ainsi, au terme du siècle le plus sanglant de l’histoire humaine, l’écrivain français le plus ambitieux du moment, lorsqu’il essaie de dresser les catégories contemporaines du Mal, ne trouve, au-delà du constat sociologique, que ceci :on fait du mal aux animaux ;les petits einfants sont bizutés à l’école ;on ne peut pas baiser toutes les femmes que l’on voudrait ; et puis il y a la mort. Pourquoi le lire, alors ? Qu’est-ce qui fait qu’un discours aussi régressif, aussi immature, nous semble à ce point contemporain ?

Dominique MARCELa noté ★ 8/10
29 août 2022

Les particules élémentaires de Michel Houellebecq, est paru en 1998, 4 ans après « Extension du domaine de la lutte », alors que l’auteur était âgé de 40 ans. Il enfonce le clou et poursuit sa peinture désespérée et désespérante des mœurs sociales et sexuelles de la fin du XXe siècle en Occident. C’est avec ce roman Les particules élémentaires, se voulant le portrait d’une certaine génération masculine désenchantée (celle de l’auteur, né en 1958) en quête de nouveaux repères, qu’il connaît la consécration. Qualifié alors de “Karl Marx du sexe” ou bien de “ nouveau Céline”, de « génie » ou encore de « visionnaire », il incarne une nouvelle donne romanesque. Les thèmes qu’il aborde sont pourtant loin d’être novateurs et encore moins populaires (les échecs affectifs et sexuels de deux frères dépressifs). Un roman anti-commercial s’il en est. Ce « roman noir de la sexualité française » utilise aussi une forme assez austère liée à l’écriture quasi clinique de l’auteur, du moins en apparence. Alors pourquoi un tel engouement ? La dimension polémique de l’ouvrage aura sans douté joué. En effet, le livre n’hésite pas à aborder quelques sujets tabous avec une lucidité et un cynisme parfois glacials. Une caractéristique qui aurait tout aussi bien pu lui attirer un parfait rejet du lectorat (ce qui a tout de même été le cas bien entendu avec une scission entre les pro et les anti-Houellebecq). Mais surtout la force de l’auteur est d’avoir su développer de nouveaux angles d’approche de différents problèmes de société, en tissant des parallèles inédits entre le système économique, sexuel, scientifique ou encore religieux… Sa vision sans concessions n’hésite pas à s’attaquer à quelques tabous. Et pourtant derrière le cynisme à toute épreuve de l’auteur voire la provocation idéologique, « Les particules élémentaires » cache une grande sensibilité et même un grand romantisme… « Le nouveau ne se produit jamais par simple interpolation de l’ancien. (…) Aujourd’hui plus que jamais ils avaient besoin d’un angle neuf. » C’est à travers le destin de deux demi-frères à première vue aux antipodes (mais plutôt les deux faces d’une même pièce), Michel, le chercheur en biologie moléculaire asexuel, entièrement voué à sa science (« Dans le cas de Djerzinski, sa bite lui servait à pisser, et c’est tout. »), et Bruno prof obsédé et frustré, victime de sa quête désespérée de sexe, que Houellebecq revisite l’histoire des mœurs sexuelles et sociales depuis 1950. Vivant tous deux en marge de la société contemporaine et englués dans un quotidien sordide, on apprend au fil des pages à mieux les connaître et surtout à revivre leur passé : depuis leur enfance jusqu’à l’âge adulte à la quarantaine. On replonge ainsi dans les années 50, l’extension du salariat, des banlieues de pavillons proprets, l’évolution de l’Eglise catholique, la place du Parti communiste puis les sixties en pleine période hippie, de libération sexuelle et de montée du féminisme (responsable selon lui en grande partie du déclin sexuel actuel) puis les années 70 avec la montée du sexe et de la violence, du culte du corps, de la civilisation des loisirs ou encore de l’anthropologie matérialiste jusqu’à nos jours. Il retrace la généalogie de ses deux personnages au cours de ces différentes époques qu’il radiographie sous un angle très personnel. C’est aussi un roman d’apprentissage où l’on suit, pas à pas, l’éducation à la vie et l’éveil respectif de ces deux frères. Abandonnés par leurs parents (hippies) incapables d’assumer leurs responsabilités, ils seront tous deux élevés par leur grand-mère respective à qui ils voueront un amour et une admiration sans faille (sentiment intense inversement proportionnel à la haine de leur mère démissionnaire). Les passages sur leur enfance (le « royaume perdu » comme l’appelle Houellebecq) sont particulièrement émouvants. Ils évoquent ce bonheur insouciant, plein et entier, qui peut alors nous habiter à l’âge tendre. Ses références, de prime abord naïves, qui nous marquent durablement comme les héros des récits d’aventures de la revue « Pif » qu’il n’hésite pas à comparer à des idéaux kantiens ! Il en raconte de larges extraits avec un enthousiasme authentique et touchant, rendant par là-même un hommage à la pop culture plutôt intéressant. « Ce sont nos chef d’œuvre interdits, nos enfants « non reconnus ». », écrit-il avec justesse. Michel Houellebecq enfant, un âge béni dont il se souvient dans les Particules élémentaires C’est encore cette remarque : « Bien des années plus tard, lorsqu’il serait devenu un quadragénaire désabusé et aigri, il reverrait cette image : lui-même, âgé de 4 ans, pédalant de toutes ses forces sur son tricycle à travers le corridor obscur, jusqu’à l’ouverture lumineuse du balcon. C’est probablement à ces moments qu’il avait connu son maximum de bonheur terrestre. » Les personnages se retournent aussi souvent sur cette période bénie en contemplant des photos d’enfance comme s’ils se demandaient, incrédules, comment ils en sont arrivés à leur déchéance actuelle ? « L’éternité de l’enfance est une éternité brève mais il ne le sait pas encore. » « « Les enfants supportent le monde que les adultes ont construit pour eux, ils essaient de s’y adapter de leur mieux ; par la suite, en général, ils le reproduisent. » » Bruno découvrira ensuite la cruauté de ses pairs (le thème de la barbarie naturelle de l’homme est d’ailleurs récurrent dans le livre) au cours de leur scolarité et enfin ses échecs sentimentaux tandis que Michel s’enfermera dans sa solitude de savant rêveur incapable d’émotions… Sur fond de France profonde et de banlieue parisienne tristoune (« Meaux », « Crécie en Brie »…). Bruno : « Son enfance avait été difficile, son adolescence atroce ; il avait maintenant 42 ans, et objectivement il était encore loin de la mort. Que lui restait-il à vivre ? » A tout instant la mort et la folie les guettent même si quelques (brèves) parenthèses de bonheur amoureux les apaisent au cours de leur tragique route. Ces dernières sont d’ailleurs assez poignantes bien qu’anticonformistes. La rencontre de Bruno avec Christiane a par exemple débuté par une fellation dans un jacuzzi d’un camp new age… Un moment qu’il trouve merveilleux car « il n’y avait aucun élément de séduction, c’était quelque chose de très pur. ». Le couple fréquente ainsi assidument camps naturistes et boîtes échangistes tandis que Christiane s’avère toujours partante pour faire jouir (oralement) Monsieur. Pour autant la complicité est aussi présente (bien qu’elle ne semble pas être son critère premier) et un véritable attachement naît entre eux. Il développe ici son rêve d’un « communisme sexuel » qu’il appelle encore « sexualité social démocrate ». En parallèle la relation avec son ex-femme démontre une vision sans pitié pour les corps « sexuellement imparfaits » (cellulite, vergetures…) tandis qu’il décrit, sans complaisance, son rôle de père indigne (glissant des lexomils dans le biberon de son fils pour pouvoir aller se masturber devant le minitel…). Des passages très durs et d’une grande lucidité : « En réalité jamais les pères ne se sont intéressés à leurs enfants, jamais ils n’ont éprouvé d’amour pour eux, et plus généralement les hommes sont incapable d’éprouver de l’amour, c’est un sentiment qui leur est totalement étranger. Ce qu’ils connaissent c’est le désir, le désir sexuel à l’état brut et la compétition entre mâles. », (on pense ici à « Le Moral des ménages » d’Eric Reinhardt). « La possibilité de vivre commence dans le regard de l’autre. » Il livre aussi à cette occasion d’intéressantes analyses sur les rituels de séduction et les stratégies sexuelles en particulier dans le camp de vacances communautaire où Bruno séjourne. Il décrit toute la cruauté de la « loi du sexe », le vampirisme de cette quête frénétique et son aspect faustien. « Sa serviette à la main, il entama un parcours erratique en travers de la pelouse ; il titubait, en quelque sorte, entre les vagins. ». Mais aussi les affres de l’onanisme dans sa solitude la plus sordide : « Il se servit un 2e whisky, éjacula sur le magazine et s’endormit presque apaisé. », et l’usure du désir : « Après quelques années de travail le désir sexuel disparaît, les gens se recentrent sur la gastronomie et les vins ; certains de ses collègues, beaucoup plus jeunes que lui, avaient déjà commencé à se constituer une cave. » Alors qu’il fait l’éloge d’un amour tendre basé sur la complicité entre Annabelle et Michel, il semble paradoxalement privilégier le « tout sexuel » comme conception idéale du couple à travers la relation entre Bruno et Christiane : « L’aplatissement des critères de séduction intellectuels et moraux au profit de critères purement physiques conduisait peu à peu les habitués des boîtes pour couples à un système légèrement différent, qu’on pouvait considérer comme le fantasme de la culture officielle : le système sadien. (…) La jouissance est affaire de coutume, comme aurait probablement dit Pascal s’il s’était intéressé à ce genre de choses. » Avec un art des détails les plus crus (« il avait mal à la bite », « il avait des gaz », « des seins maigres et ridés », « des petits nuages flottaient comme des éclaboussures de sperme entre les pins ») et les plus désolants (« Il achetait des boîtes de thon au Continent de Courcelle-sur-Yvette », « les eaux de la Marne tumultueuses et sales »…), il restitue parfaitement l’ambiance de misère existentielle dont souffrent ses deux anti-héros. Et son humour sardonique n’arrange pas son tableau désastreux de la condition masculine moderne ! Tellement affreux et abjecte que cela en devient drôle : « Désirait-il encore les femmes de son âge ? En aucune façon. Par contre, pour une petite chatte enrobée dans une minijupe, il se sentait encore prêt à aller jusqu’au bout du monde. Enfin du moins jusqu’à Bangkok. » Les différentes scènes de ses vacances au « lieu du Changement » sont aussi particulièrement pimentées : entre les ateliers de développement personnel mystico-sociaux tels quel la « danse-job » (retrouver un travail par la danse !), la dégustation de steaks de soja et autres conversations avec des « gauchistes flippées » ou cathos coincées… Au fil des pages se révèle également sa vision paradoxale et conflictuelle de la femme qu’il admire et qu’il hait pour les frustrations sexuelles qu’elle lui fait endurer (et sans doute aussi en raison de l’abandon maternel si on veut faire un peu de psycho de comptoir). Il n’hésite pas à condamner le féminisme (jugé castrateur) à toute occasion : « En quelques années, elles parvenaient à transformer les mecs de leur entourage en névrosés impuissants et grincheux. », à qualifier les femmes de « vieille pute » ou à se moquer de la « stupide résignation des femelles », tout en écrivant ensuite « A quoi servaient les hommes ? Il est possible qu’à des époques antérieures où les ours étaient nombreux, la virilité ait pu jouer un rôle spécifique et irremplaçable ; mais depuis quelques siècles, les hommes ne servaient visiblement à peu près plus à rien. Ils trompaient parfois leur ennui en faisant des parties de tennis, ce qui était un moindre mal ; mais parfois aussi ils estimaient utile de faire avancer l’histoire, c’est-à-dire essentiellement de provoquer des révolutions et des guerres. (…) Un monde composé de femmes serait à tous points de vue infiniment supérieurs ; il évoluerait plus lentement, mais avec régularité, sans retours en arrière et sans remises en cause néfastes, vers un état de bonheur commun. » ou encore “Décidément, les femmes étaient meilleures que les hommes. Elles étaient plus caressantes, plus aimantes, plus compatissantes et plus douces”. Il récuse ainsi par ces dernières déclarations tout soupçon de misogynie. Contrairement à « Extension du domaine de la lutte« , qui peut ainsi lui paraître supérieur sur ce plan, « Les particules élémentaires » se soucie moins de l’intrigue romanesque que de la démonstration qu’il entend mener. Roman foisonnant, son histoire relativement « banale » n’est finalement qu’un prétexte pour creuser en profondeur, une multitude de sujets dont principalement la religion et la sexualité (et leur lien) mais aussi l’amour, la séduction les rapports hommes-femmes, la solitude, la frustration, la valeur marchandes des corps (le culte de la jeunesse et de la beauté physique) et les inégalités qu’elle entraîne, les « lois de l’attraction », les liens familiaux, la filiation, la paternité ou encore le déterminisme. Il explore donc de nouveau ses thèmes phare déjà présents dans « Extension du domaine de la lutte » mais pousse ici encore plus loin l’analyse en la confrontant notamment aux nombreuses théories aussi bien sociologiques, biologiques que scientifiques ou encore aux doctrines religieuses. De Darwin à Charles Péguy, aux théories animalières sur les comportements sexuels des rats ou des cochons d’Inde…, Sade, la morale de Kant (« Une morale observable en pratique est toujours le résultat du mélange en proportions variables d’éléments de morale pure et d’autres éléments d’origine plus ou moins obscure, le plus souvent religieuse. » ) ou encore les physiciens Einstein, Heisenberg ou Niels Bohr (ces dernières, bien qu’ayant donné leur titre au roman n’apportent pas forcément un éclairage passionnant aux problématiques), il parvient à jongler avec toutes ces références et à proposer, par leur prisme, une nouvelle perspective. Il renoue ainsi avec un style littéraire très documenté, traduit par une langue minimaliste mais à la précision néanmoins chirurgicale. Au centre de cette réflexion riche, il dénonce l’individualisme (selon lui, le coupable n°1 du déclin de la société actuelle qui la ronge) et la grande dépression sociale et spirituelle de la fin du XXe siècle : « (…) la destruction progressive des valeurs morales au cours des années soixante, soixante-dix, quatre-vingt puis quatre-vingt-dix était un processus logique et inéluctable. Après avoir épuisé les jouissances sexuelles, il était normal que les individus libérés des contraintes morales ordinaires se tournent vers les jouissances plus larges de la cruauté ; deux siècles auparavant, Sade avait suivi un parcours analogue. En ce sens, les serial killers des années quatre-vingt-dix étaient les enfants naturels des hippies des années soixante. » On peut toutefois reprocher à l’auteur l’uniformité de ses personnages, hommes ou femmes, qui ne semblent être là que pour servir ses propres idées. Derrière tout cela, on trouve la question éternelle et la quête lancinante du « Comment trouver le bonheur sur cette terre lorsque l’on est humain ? ». Placé délibérément sous le signe d’Aldous Huxley et de son roman « Le meilleur des mondes » à qui il consacre d’ailleurs un chapitre dans son roman (« Julian et Aldous »), il tente de trouver une issue à la « mélancolie de l’homme occidental » selon son expression. Issue qui passe selon lui par l’eugénisme qu’il prône ouvertement. Il propose ainsi de réfléchir à la possibilité d’une mutation métaphysique d’ordre génétique qui mettrait fin à la souffrance humaine et à la solitude. Inventer une nouvelle espèce qui serait enfin délivrée du désir sexuel (mais pas du plaisir) et de la mort. La fin du roman s’achève ainsi sur un registre d’anticipation (un peu naïf toutefois…) : « L’humanité devait disparaître ; l’humanité devait donner naissance à une nouvelle espèce, asexuée et immortelle, ayant dépassé l’individualité, la séparation et le devenir. » Il reprendra et développera cette utopie dans son roman « La possibilité d’une île » (adaptée au cinéma). Des néo-humains pour soigner les névroses occidentales en somme… [Alexandra Galakof] A chaque fois derrière la noirceur de ces propos souvent très durs, on décèle avant tout une souffrance, une immense souffrance affective (qui dépasse largement celle de la misère sexuelle) qu’il tente de masquer mais qui rejaillit à chaque fois sous des formes plus ou moins directes. Et c’est ce qui fait toute la force du livre, son émotion. Sans elle, le livre n’aurait probablement la puissance qu’il possède…

RV
Romain Vincenta noté ★ 8/10
Il y a 5 jours

Liste

Memorizer Logo
Mobile App Preview

Essayez la version mobile

Profitez d'une expérience complète et optimisée avec la version mobile de Memorizer. Enregistrez, notez et partagez des memories en quelques clics.