Résumé
Forêts est la troisième partie d'un "quatuor" dont Littoral et Incendies sont les premiers volets. Wajdi Mouawad continue à explorer les thèmes de l'héritage inconscient, à travers des histoires croisées, portraits inattendus d'une descendance en décomposition. De 1917 à nos jours, il dépeint un monde épileptique où les hommes reproduisent les déchirures de leurs ancêtres. 7 femmes, 11 hommes / 3 h
Wajdi encore une fois réussit un coup de maître avec Forêts. Loup adolescente va découvrir ses racines, ses origines. Wajdi comme à son habitude nous plonge dans un univers où le temps et l'espace s'entremêlent. Il décrit aussi avec poésie et cruauté des moments de vie de ses personnages (beaucoup moins que dans littoral heureusement !!!) Bref j'ai adoré
Je pense que c’est mon préféré de la série, un tout petit peu avant incendie. C’est à peu près l’histoire de Loup, abandonné par sa mère qui vient de mourir, qui remonte les traces de son passée pour comprendre son existence, accompagnée d’un paléontologue. Ainsi, de manière non chronologique, on remonte l’histoire sur 7 générations, dans des temporalités historiques variées : fin du XIXeme, 1ere puis 2nd guerre mondiale, Québec contemporain… de l’Allemagne au Canada en passant par la France. C’est quasiment une épopée a travers le temps, et la lecture se ressent comme une course contre la montre contre l’obscurité du silence. C’est bouleversant. C’est la première fois aussi que je ressens de manière profonde et ancrée le titre « le sang des promesses » qui prend absolument tout son sens dans ce chef d’œuvre. C’est complexe, violent, brutal, traumatisant, salvateur et plein d’espoir en même temps. Plus la pièce avance, plus les histoires s’entremêlent. On pourrait se perdre mais le récit coule comme une rivière. Chaque révélation est un nouveau rapide qui te bouleverse et te bouscule dans tout les sens. Et ptn les poèmes de fin moi… Loup est trop attachante, je canne c’est trop beau. « Maman Ton corps enfin dans la terre, Je vois un horizon complet se dégager devant moi Et c’est effrayant Effrayant de grandeur et de profondeur Je vois tout à coup l’espace qui s’en va là là-bas Jusqu’au nord Jusqu’au sud Jusqu’à l’est Et jusqu’à l’ouest. Maman, Tu m'offres le monde Et le monde est grand Mais puisque tu as choisi de me le donner Je choisis de le prendre ! Nous ne savions pas qui nous étions Et j'aurais voulu mieux te connaître Mais nous ne pouvions pas savoir, Tant d'enfance abandonnée Tant d'amour donné Repris Redonné rapté Nous ne le pouvions pas ! Maman, J'entends la marche du temps auquel j'appartiens Et même si Aujourd'hui encore L'hécatombe semble si proche de nous, Même si j'entends la rumeur inquiétante d'une guerre, Je sais que je suis Loup et que mon cœur a traversé le siècle. Maman, Où s'arrête notre cœur? Jusqu'où son battement peut-il se faire entendre? Le mien bat jusqu'à la nuit des temps Pour enfin rallumer la lumière Et sortir toutes nos enfances des ténèbres. Maman, Je te parle à la faveur d'un magnifique printemps, Sans savoir si tu m'entends ou non, Pour tenter de te dire ce qui ne peut pas être dit. Car comment dire l'abandon d'un enfant par sa mère ? Et l'abandon de sa mère par sa mère Et de la poésie par les hommes Et des hommes par les hommes Et les hommes par les Dieux Et les Dieux par la joie? Et la joie mise en cendres Trame d'hiver Effroyable anéantissement ! Maman, Depuis toujours, L'orage gronde dans nos vies, La mienne qui commence La tienne qui se termine. Moi qui croyais être liée par mon sang au sang de mes ancêtres Je découvre que je suis liée par mes promesses Aux promesses que vous vous êtes faites. Et que vous avez tenues. Vie sauvée, vie perdue, vie donnée. Lorsque je serai en proie au tourment, Je répéterai vos noms comme un talisman contre le malheur. Odette, Hélène, Léonie, Ludivine, Sarah, Luce, Aimée, Loup Comme une promesse tenue à jamais. Et que je répète à mon tour À celle qui viendra après moi Pas encore née Mais qui se souvient déjà de mon visage Je ne t'abandonnerai jamais. Je ne t'abandonnerai jamais. Je ne t'abandonnerai jamais. Fleurs. Fin. » Putaaaaaaain j’en frisonne encore
Puzzle familiale sur 150 ans. On s'y perdrait presque...
Très belle pièce de théâtre de la part de Wajdi Mouawad, des rebondissements inattendus, des événements et des personnages qui s’entrecroisent pour former à la fin un grand puzzle enfin reconstitué. Questionne sur l’amour, les promesses mais surtout l’identité et la famille.
Livre très appréciable de part son originalité, ses retournements de situation et son déroulement. A lire si on est un lecteur régulier car assez compliqué de suivre la généalogie des personnages et leurs histoires entremêlées. Toutefois, c’est pièce de théâtre qui reste tres bien menée et qui donne envie de la voir en vrai (ou de la jouer soi-même hehe).
Magnifique vraiment petard quel boss