Résumé
« Ce livre est une histoire en cours. Celle d'un hier si proche et d'un demain qui tremble un peu. Ce présent qui bouscule, malmène, comment l'habiter, dans quel sens s'en saisir ? Comme il est étroit, cet interstice-là, entre hier et demain, dans lequel l'actualité nous regarde. Elle reflète le monde, mais aussi des évènements minuscules en nous, des souvenirs, des questions, des inquiétudes. Ces pages ne sont pas le lieu d'un territoire conquis, d'un terrain marqué de certitudes. Ce livre est l'histoire de ce qui nous traverse, une histoire qu'on conjuguerait à tous les singuliers. »L.L.
Belle découverte en lecture à voix haute au festival étonnants voyageurs de Saint Malo, juin 2025. Nouvelles. Sur le quotidien, son quotidien, la vie, le temps qui passe. Très bien
Recueil de nouvelles. Là où Lola parle d'elle et de sa famille c'est tjrs prenant. Quand il s'agit de généralités sur le monde j'aime moins.
Ce sont les articles écrits par LL à Libération et j'y ai retrouvé aussi des textes qu'elle a dits dans sa pièce Un état de nos vies. Donc l'effet de surprise à disparu. Mais il y ades textes très touchants, elle sait trouver les mots qui émouvant, meuvent parce qu'il ne faut pas se résigner. C'est vraiment une chouette autrice.
Une sorte de journal sur l’actualité des ces dernières années. Point de vue sociologique sur la société. Regard féministe et engagé. Intéressant. Les in rocks: Comment penser le présent et notre société ? Quelle juste distance mettre entre le réel et nous ? L’autrice l’a trouvée pour dire les événements qui l’ont marquée de 2022 à fin 2024. “Comme elle est troublante, cette époque dans laquelle il faudrait s’affoler de tout, mais ne s’inquiéter de rien”, écrit Lola Lafon dans ce qui n’est ni un journal de bord, ni un journal intime, ni même un carnet de notes, mais un peu tout cela à la fois. Disons que Lola Lafon s’invente un genre inclassable pour prendre le pouls d’une époque. Que disent nos ressentis face à celle-ci, comment exprimer, penser, transmettre, ce que c’est que d’être plongé·es dans le bain politique et idéologique d’aujourd’hui, dans la vie de maintenant ? Comment saisir les conséquences de notre confrontation au réel ? Le livre va de fin 2022 à novembre 2024. Lafon écrit depuis un “je”, un “il” ou un “elle”, un “on” quasi sociologique qui fait penser aux Années d’Annie Ernaux. Bien sûr, il est question de la guerre en Ukraine, du 7-Octobre, des élections législatives, des événements pris dans le fleuve d’un temps où le désespoir côtoie la dépression. Alors, quelle distance mettre entre soi et les événements du monde ? Lola Lafon part d’un conseil que lui avait écrit son père sur une feuille de papier : “Veille à garder la bonne distance avec ce que tu traverseras, à retenir l’horizon, comme une leçon toujours en cours.” La juste distance, elle la trouve bien sûr dans l’écriture – car sans l’écriture, il n’y aurait qu’un grand cri de colère. La juste distance, c’est aussi se permettre des échappées, des digressions, ici sous la forme de chapitres intitulés “P.S.”, écrits en italique, qui fouillent la mémoire, le passé, laissent affleurer des souvenirs, des pensées, comme par associations d’idées, et remettent en perspective les événements du présent. Le livre avance ainsi chronologiquement, mais pas seulement : il se soustrait à la soumission au temps, à l’actualité, à tout ce qui est dicté par les décisions politiques d’un petit nombre d’hommes et de femmes, pour nous permettre de prendre du champ, de méditer, se regrouper, respirer. Ne pas être prisonnier·ère ni victime, et encore moins dupe, du désir, de l’intérêt idéologique de l’autre, de son autorité, individuelle ou d’État. Ce n’est pas un hasard si le texte est traversé par le sujet du viol et de la violence supplémentaire qu’est la condamnation des victimes au silence par le gaslighting. Il faut lire ce chapitre consacré au corps de Sinéad O’Connor, droit, buté, debout sur une scène face à un public qui la traite de “salope” parce qu’elle a osé s’en prendre à l’Église qui a longtemps protégé ses prêtres violeurs d’enfants ; il faut lire ce chapitre sur cette femme, vivant en montagne, qui a été violée, et comment le viol l’a projetée dans une prison invisible pour le reste de sa vie . Il y a enfin celui sur “Gisèle”, qui “vient confirmer la fin d’un mythe qui a tous les atours d’un déni collectif : le mythe du monstre”. Il y en a d’autres, des chapitres qu’il faut lire dans ce livre à la mélancolie lumineuse, au pessimisme combatif, à l’inquiétude poétique. Car il n’est, en effet, jamais trop tard. D’autres auteurs ont traité cette question, voici leurs analyses.Ne passez pas à côté de Bilan : en 2020, la littérature contre le mal, une lecture complémentaire.D’autres perspectives sont abordées dans Frédéric Worms : “Il faut sortir de l’imprévu permanent et de la catastrophe annoncée”. Vous trouverez un point de vue différent dans Quand les écrivain·es font le récit d’une France en crise .D’autres perspectives sont abordées dans Geoffroy de Lagasnerie : “On a du mal à prendre la violence d’Etat au sérieux”.
Un journal mois par mois sur l’actualité . Assez engagé et juste
Jai adoré