
2023
•
Philippe Claudel
Résumé
Aux marches de l’Empire « à cent têtes et cent corps », sommeille une province minérale et nue où le froid, le givre, les bourrasques semblent ankyloser les habitants d’une bourgade qui ne signalait jusque-là ni notoriété historique, ni intérêt géographique, si ce n’est d’être placée à la frontière « d’un pays dont la bannière se frappait d’un croissant d’or », et dont la vitalité contraste avec l’épuisement ranci du village aux passions tristes. Un jour, le curé est découvert mort. La tête fracassée par une pierre. De quelle nature est le crime ? Qui pouvait en vouloir à ce curé d’une terre où les chrétiens et les musulmans vivaient depuis toujours en bonne entente ? Que faire, qui accuser, et qui entraver dans son action si, à partir de ce meurtre, s’ordonne toute une géométrie implacable d’actes criminels et de cruautés entre voisins ? Il y a un heureux : le Policier, Nourio, car « c’était fabuleux pour lui d’avoir une pareille affaire, dans ce lieu abandonné de toute fantaisie, de tout grain de sable, roulé dans l’ordinaire des jours ». Le voilà lancé dans d’inutiles recherches. À quoi sert de s’opposer au cours impétueux des choses ? Dans ce vieux monde de l’Empire qui s’affaisse, « dans un sommeil épais, s’enroulait dans sa léthargie comme un escargot fainéant bâille dans sa coquille », il y a tous les personnages, en chairs et en vices, qui conviennent au déroulement de la tragédie : chacun joue à merveille sa partition. Nourio, le Policier au teint olivâtre et aux pulsions incontrôlables. Baraj, l’Adjoint dont l’apparence de bête placide et musculeuse dissimule l’âme d’un enfant poète. Lémia, la fillette aux formes adolescentes dont les ombres et les pleins agacent les nerfs du Policier. Tant d’autres, et même les fantômes des temps passés, qui n’ont en commun, dans leur médiocrité âpre et satisfaite, dans le secret de leurs âmes, que d’agir en comparses du grand Effondrement de l’Empire. De suspens en rebondissements, l’intrigue haletante se double d’une grande réflexion sur nos errements contemporains, la volonté de quelques-uns de réécrire l’Histoire, la négation de certains crimes de masse et autres arrangements avec la réalité.
La belle écriture de Claudel .. un polar qui n’en est pas
Philippe Claudel + belle ambiance (morbide), superbe machination au service de crimes horribles - introduction un peu longue, fin un peu melo
Claudel dépeint toujours aussi bien la noirceur humaine mais je l'ai trouvé plus faible au niveau de l'écriture que d'autres de ses œuvres
Pas aussi fin que les âmes grises, mais tout de même un récit d'une belle noirceur, et qui reste. Parfait pour un temps sombre.
C’est un livre policier, mais en fait, l’enquête initiale, le meurtre du curé de ce petit village, n’est pas le sujet essentiel La vie de ces villageois, la haine contre une minorité religieuse, déclenchée par ce meurtre, et le crime collectif qui en découle sont très bien décrits, impossible de lâcher ce livre. Il y a des similitudes avec un précédent livre du même auteur, L’archipel du chien, ou l’horreur d’un crime collectif était là aussi le sujet principal! Est ce que tuer a plusieurs déculpabilise les auteurs du crime????? Ça fait froid dans le dos …
L’histoire d’une petite ville aux confins de l’Empire desséchée de soleil et étreinte de neige et de ses habitants confits dans les défauts éternels et les turpitudes de l’humanité, un récit magnifique écrit dans une langue qui l’est tout autant.
Un roman étrange, à la ligne narrative sinueuse et parfois bien digressive, un protagoniste dérangeant, un style inégal, parfois précieux et moralisateur, parfois magnifique de nuances et de poésie, une ambiance lourde et sinistre. Cette lecture me laisse un sentiment partagé. La fin du livre, en revanche, est vraiment magnifique, émouvante et pleine de sentiments justement retranscrits. Meurtre, enquête, noirceur, discriminations, violences
Un très beau livre, qui rappelle beaucoup ses autres livres, notamment le rapport de Brodeck. On retrouve son style, littéraire et imagé, poussant à la réflexion. Toujours un lieu et un temps mal définis, en fait c'est intemporel, des personnages rustres se pensant intelligents et d'autres humbles, qui voient les événements leur faire faire des choix décisifs. Être humain ou pas, choisir sa voie selon sa conscience, être heureux. Le policier nourio instruit mais bouffé par son arivisme, son orgueil, et ses désirs charnels. L'adjoint Baradj le géant poète non instruit mais profondément humain qui respecte les bêtes et les hommes bons. Lemia la jeune fille puissante et déterminée. Les édiles, véreux et enduits de leur puissance. Le thème principal est le conflit entre religions, catholique et musulmane. Les musulmans sont accusés de tous les maux, à partir du meurtre du curé. Ils sont jugés coupables jusqu'au pire, leur meurtre organisé dans la mosquée. Le médecin faible mais humain Le maradj sans pitié, imbu de sa puissance Le commandant qui dirige tout de la ville de T, la bonne marche de l'Empire. Et qui est bon ou pas. Lemia qui a tué le curé. Le mauvais temps de l'hiver, le froid la neige, la nuit Le crépuscule, la fin de l'Empire, Une terre de l'Est, inhospitalière.
Le meurtre d’un curé est commis. On accuse les musulmans du village