Résumé
"Finalement, il vous dit quelque chose, notre homme ? Nous arrivions à hauteur de Gonfreville-l’Orcher, la raffinerie sortait de terre, indéchiffrable et nébuleuse, façon Gotham City, une autre ville derrière la ville, j’ai baissé ma vitre et inhalé longuement, le nez orienté vers les tours de distillation, vers ce Meccano démentiel. L’étrange puanteur s’engouffrait dans la voiture, mélange d’hydrocarbures, de sel et de poudre. Il m’a intimé de refermer, avant de m’interroger de nouveau, pourquoi avais-je finalement demandé à voir le corps ? C’est que vous y avez repensé, c’est que quelque chose a dû vous revenir. Oui, j’y avais repensé. Qu’est-ce qu’il s’imaginait. Je n’avais pratiquement fait que penser à ça depuis ce matin, mais y penser avait fini par prendre la forme d’une ville, d’un premier amour, la forme d’un porte-conteneurs."
Recommandé par chantal barbet-massin
À l’ occasion d’ une enquête policière, retour de la narratrice dans sa ville natale du Havre , et les souvenirs affluent Qui est ce cadavre, au Havre, que la narratrice est censée reconnaître ? Une enquête existentielle sur fond de déambulations portuaires… Pour la narratrice presque quinquagénaire et parisienne de Jour de ressac, la ville du Havre, à laquelle pourtant elle ne pense guère, est plus qu’un souvenir – elle est comme « tapie dans un arrière-monde, tel un palais dans le brouillard ». Un palais de béton gris, matériau choisi pour reconstruire dans les années d’après-guerre la cité portuaire détruite par les bombardements. « Je grandis dans une ville qui ne ressemble pas aux autres », se souvient-elle au présent, tandis qu’un imprévu vient de la ramener dans ces rues où elle n’avait plus mis les pieds depuis la fin de l’adolescence : un homme non identifié, retrouvé mort sur la digue nord, avec, dans la poche, son numéro de téléphone à elle noté sur un papier. « Non, jamais vu ce type », dit-elle au policier havrais qui l’a convoquée, taisant sa légère hésitation devant les photos de l’inconnu : « Quelque chose me retenait d’être définitive : je me souvenais avoir lu dans la presse que parmi les proches des victimes du 13 novembre certains n’avaient pas toujours su reconnaître leur enfant, leur femme, leur ami, leur sœur […] Comme si le premier ouvrage de la mort, purgeant la face de toute expression animée, était de mettre à mal le visage humain, de le réduire à un massif de muscles, de nerfs et d’os… » La ville s’impose rapidement comme l’interlocutrice principale de la narratrice dont l’existence et les occupations (un mari, une fille, un métier de doubleuse pour le cinéma…) sont comme mises à l’écart, marginalisées, au profit de ce retour vers le territoire de la mémoire ravivé par ses déambulations urbaines et portuaires – comme si se ranimaient, dans le présent, des « cellules dormantes » du passé qu’on croyait éteintes. Se déployant sur fond de trafics interlopes et parsemé d’échos aux violences d’hier et d’aujourd’hui, si ce méditatif et entêtant Jour de ressac est une enquête, un roman noir, sa résolution est avant tout sensuelle et existentielle.
Très bien écrit agréable à lire histoire pretexte
Ça démarre bien. Très belle écriture. Roman ? Écrit à la 1ère personne. En partie biographique ? L'Autrice a-t-elle passé sa jeunesse au Havre ? En tout cas on dirait bien. La mer, la plage de galais, la digue nord, le cinéma, le commissariat, le conducteur du gros engin sur la plage. Rien n'est attendu dans ce roman, je vais de surprise en surprise. Les descriptions, jamais ennuyeuses, sont précises, on y est nous aussi. Je viens à l'instant de terminer ce livre. Je suis partagée. Première moitié du livre, très très bien. Coup de fil du commissariat du Havre, un homme a été retrouvé mort sur la plage au niveau de la digue nord avec votre numéro de téléphone dans la poche. Venez. Et c'est le retour au Havre, Maylis y a vécu 20 ans. Et défile devant nos yeux l'histoire de Maylis, sa vie au Havre, sa jeunesse, ses amours, et surtout son amour pour Craven, qui aura duré 3 mois, à 16 ans, Craven disparaissant et laissant Maylis gravement déprimée pendant plus de 6 mois. Et à travers son histoire à elle apparaît l'histoire du Havre, sa destruction par les alliés en 45. Puis ça se gâte. L'autrice tire différentes ficelles et va nous parler des migrants dans la Manche, et de la guerre en Ukraine, et je ne sais plus. Mais j'ai un fort sentiment de remplissage qui dure un peu trop longtemps. Puis on revient à notre intrigue, petit tour vers les détails d'une autopsie, description du Havre d'aujourd'hui, le gris, les gris, la puanteur de l'industrie pétro chimique. Et détour par Rennes pour aller voir le corps à l'institut médico légal. Retour en train vers Paris qui évoque d'autres voyages en train entre le Havre et Paris quand M. a 20 ans, les rapports à sa mère et on dérive sur Maïa la fille de M. ses 20 ans, détour par l'escrime, la fête anniversaire. Et la distance entre parents et jeunes adultes. In fine, l'héroïne aurait les moyens de savoir si le mort, si ce corps retrouvé sur la plage est le corps de Craven, simplement déplier le bras droit pour voir si les 3 grains de beauté y sont. Mais, elle ne bouge pas, ne saura jamais et nous non plus. Préserver une part de mystère dans la vie ? Nous laisser écrire la suite de l'histoire. On connaît bien cette famille aimante, le mari plutôt sympa, attentionné, la fille qui s'émancipe. Et j'ai oublié le travail de doublage par la voix de films, de livres, de l'héroïne et les difficultés qui apparaissent avec l'IA. Polar, autobiographie, le Havre. Autobiographie sous forme de polar au Havre.
Magnifique écriture qui transcende les souvenirs d'une femme et d'une ville très présente.
Une homme est retrouvé mort au port du Havre avec dans sa poche le numéro de téléphone d'une femme qui ne semble pas le connaître. C'est bien écrit au début et puis ça devient verbeux et redondant et on comprend qu'on ne saura rien. Et c'est très décevant. Un roman un peu "flemmard"