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L'heure des prédateurs

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8/10

2025

Giuliano da Empoli

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Résumé

Giuliano da Empoli nous livre le compte-rendu aussi haletant que glaçant de ses pérégrinations au pays de la puissance, de New York à Ryad, de l’ONU au Ritz Carlton de MBS. Il nous guide de l’autre côté du miroir, là où le pouvoir s’acquiert par des actions irréfléchies et tapageuses, où des autocrates décomplexés sont à l’affût du maximum de chaos, où les seigneurs de la tech semblent déjà habiter un autre monde, où l’IA s’avère incontrôlable… Aucun doute, l’heure des prédateurs a sonné. L’auteur du Mage du Kremlin les regarde en face, avec la lucidité d’un Machiavel et la hauteur de vue du moraliste.<br /><br />Pierre-François Garel interprète avec brio ce précieux témoignage sur un nouveau monde inquiétant en train de naître.

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Avis et Commentaires

88 avis
FN
Florentin Nègrea noté ★ 7/10
25 août 2025

Da Empoli - L’heure des prédateurs 1. Intro P12 : métaphore aztèque introductive Au cours des trois dernières décennies, les responsables politiques des démocraties occidentales se sont comportés, face aux conquistadors de la tech, exactement comme les Aztèques du xvie siècle. Confrontés à la foudre et au tonnerre d'Internet, des réseaux sociaux et de l'IA, ils se sont soumis, dans l'espoir qu'un peu de poussière de fée rejaillirait P23 : 3 types de politique monde, nous avions inventé un jeu stupide avec son porte-parole, passionné comme moi de séries télé. À l'époque, on pouvait distinguer trois grandes catégories de séries politiques. La première, que l'on pourrait qualifier d'héroïque, comprenait des productions comme The West Wing (À la Maison-Blanche) qui représentaient la politique comme une compétition vertueuse entre personnes généralement compétentes et bien intentionnées. La deuxième, plus sombre, dépeignait la politique comme une jungle hobbesienne dans laquelle personne n'est innocent et où la seule règle est la survie. C'était la catégorie House of Cards, très populaire auprès des hommes politiques car elle les représentait comme des personnages machiavéliques, brillants et sans scrupules, plongés dans une vie passionnante d'intrigues et de coups tordus. Au contraire, la troisième catégorie, celle de sitcoms comme The Thick of It et Veep, du grand Armando Iannucci, montrait la vie politique pour ce qu'elle est : une comédie des erreurs per-manente, dans laquelle des personnages, presque toujours inadaptés au rôle qu'ils occupent, tentent de s'en sortir, se dépêtrant de situations toujours inattendues, souvent absurdes, parfois ridicules. Au terme de chaque journée de voyage, Filippo et moi faisions le point : quel pourcentage de West Wing, de House of Cards et de Veep ? Le résultat était, en général, d'environ 10 % de West Wing, 20 % de House of Cards, et le reste de Veep. P30 : répartition 3 types de politiques De nos jours, le la tragédie prend souvent la forme de la farce : 10 % West Wing, 20 % House of Cards, 70 % Veep. P24 : exemple sur représentation Politique à la Veep le Premier ministre australien, Malcolm Turnbull, s'était involontairement joint à nous, en adoptant pour les élections de 2016 le slogan « Continuité avec changement », qui était la devise du personnage principal pour sa campagne présidentielle dans la saison 4 de Veep. « Nous avons cherché le slogan le plus insignifiant auquel nous pouvions penser », avaient expliqué les créateurs de la série. P46 : logique historique : lorsque les techniques défensives se développent plus vite que les offensives, phases de paix. À l’inverse, phase de guerre Cette explosion de violence répond à une logique que les historiens militaires connaissent depuis longtemps. Il y a des phases dans l'histoire où les techniques défensives progressent plus vite que les techniques offensives. Ce sont des périodes où les guerres deviennent plus rares parce que le coût de l'attaque est plus élevé que celui de la défense. À d'autres moments, ce sont surtout les technologies offensives qui se développent. Ce sont des époques sanglantes où les guerres se multiplient, car attaquer coûte beaucoup moins cher que se défendre. P47 : aujourd’hui, l’attaque coûte bcp moins chère que La Défense Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et tout au long de la guerre froide, la dissuasion nucléaire a rendu prohibitif le coût de toute attaque de grande envergure. Mais l'évolution du cadre géopolitique et les progrès de la technologie ont mis fin à cette phase de relative accalmie : l'attentat contre les Tours jumelles, qui a relancé l'histoire en dépit de sa mort annoncée, a coûté moins d'un million de dollars. Aujourd'hui, un porte-avions qui a coûté dix milliards de dollars au gouvernement américain peut être coulé par deux ou trois missiles hypersoniques chinois à quinze millions. À l'inverse, pour abattre un drone à deux cents dollars lancé depuis le sud du Liban, Israël doit employer à chaque coup un missile Patriot qui en vaut trois millions. Sans parler d'une cyberattaque capable de paralyser une nation entière, dont le coût est quasiment nul. P49 : défenseurs de la liberté mal préparés Aujourd'hui, nos démocraties paraissent encore solides. Mais nul ne peut douter que le plus dur est à venir. Le nouveau président américain a pris la tête d'un cortège bariolé d'autocrates décomplexés, de conquistadors de la tech, de réactionnaires et de complotistes impatients d'en découdre. Une ère de violence sans limites s'ouvre en face de nous et, comme au temps de Léonard, les défenseurs de la liberté paraissent singulièrement mal préparés à la tâche qui les attend. 2. MBS - [ ] MBS n’exhale que la bonhomie - [ ] Depuis son avènement, le culte du futur est devenu la principale religion de l’Arabie Saoudite - [ ] P54 : récit du séjour au Ritz - [ ] P56 : c’est un personnage sorti tout droit des pages de Machiavel. Comparaison avec Borgia p57-58 - [ ] P59 : «Les hommes doivent être ou caressés ou écra-sés : ils se vengent des injures légères ; ils ne le peuvent quand elles sont très grandes ; d'où il suit que, quand il s'agit d'offenser un homme, il faut le faire de telle manière qu'on ne puisse redouter sa vengeance.» Dix ans après la nuit de Senigallia, Machiavel fera de César Borgia le modèle de son Prince : non pas le souverain idéal, mais la bête de pouvoir réelle, moitié renard et moitié lion, sachant utiliser l'astuce pour flatter les hommes et la force pour les subjuguer. Cinq siècles plus tard, MBS est sa réincarna-tion. Comme le Valentinois, qui cultivait le des-sein grandiose d'unifier l'Italie sous son patronage, MBS cultive une vision stratégique, celle de transformer l’AS en un Etat-nation puissant, moderne, libre de l’emprise de l’intégrisme religieux dans lequel le pouvoir serait concentré entre ses mains - [ ] L'apogée du pouvoir ne coïncide pas tant avec l'action qu'avec l'action irréfléchie, la seule à même de produire l'effet de sidération sur lequel se fonde le pouvoir du prince. 3. Bukele (Salvador) - [ ] « Le dictateur le plus cool de la Terre » comme il s’est lui même surnommé - [ ] Lorsqu'il a été élu pour la première fois, à l'âge de trente-sept ans, le Salvador était le pays le plus violent du monde : le taux d'homicides y était trois fois plus élevé qu'en Haïti, considé récomme un État en faillite. La réponse de Bukele fut radicale : remplacer le Code pénal par un manuel de tatouage illustré. Résultat : 80 000 personnes en prison et Bukele le chef d'État le plus suivi sur TikTok. - [ ] Bien sûr, Amnesty International et les autres ONG n'ont pas apprécié, mais le fait est que le taux d'homicides a été divisé par dix, faisant du Salvador le pays le plus sûr de tout l'hémisphère occidental, devant le Canada. - [ ] A l’assemblée générale de l’ONU :« Certains disent que nous avons emprisonné des milliers de personnes, mais la vérité est que nous en avons libéré des mil-lions, maintenant ce sont les bons qui vivent à l'abri de la peur.» - [ ] Succès électoral : élections de 2024 dans des conditions libres, en présence de plus de trois mille observateurs internationaux qui en certifieront l'absolue régularité. Le Caudillo millénial est réélu avec 84% des voix et son parti, Nuevas Ideas, qui n'existait pas six ans plus tôt, remporte cinquante-quatre des soixante sièges du Parlement. « Nous ne sommes pas un régime à parti unique, commente Bukele, nous sommes une démocratie avec un parti hégémonique. Dans toutes les démocraties, l'objectif des dirigeants est de gagner le plus possible. Pensez-vous que lors d'élections en France, aux États-Unis, le président dise "essayons de ne pas dépasser 55% pour préserver l'équilibre des pouvoirs" ? Bien sûr que non, l'objectif de tous les dirigeants est d'obtenir le plus de voix possible. - [ ] Ils échouent, eux, mais leur échec ne peut pas être ma feuille de route. Qu'aurais-je dû faire, annoncer que puisque tous les autres présidents échouent, puisqu'ils sont tous impopulaires, je donne, moi aussi, la moitié des sièges à l'opposition pour être à égalité avec tous les autres ? » 4. Trump - [ ] Inspiré de Bukele : « si on pouvait avoir une journée vraiment méchante... une heure brutale, et je veux dire vraiment brutale, eh bien, la nouvelle se répandrait immédiatement et tout s'arrêterait. » : La purge / American Nightmare - [ ] Inspiré de Milei : Tout comme l'idée d'une tronçonneuse coupant les dépenses publiques, éliminant ainsi des pans entiers de l'administration américaine, que Trump a reprise telle quelle au président argentin Javier Milei, pour en confier l'exécution à son allié Elon Musk. - [ ] La trajectoire de l’invitation politique s’est inversée : elle ne circule plus du centre vers la périphérie d’as une seule direction, elle provient de plus en plus d’endroits improbables et est testée à la périphérie avant de s’imposer au centre Tant que la compétition politique se déroulait dans le monde réel, sur les places publiques et dans les médias traditionnels, les coutumes et les règles de chaque pays en déterminaient les limites, mais quand il déménage en ligne, le débat public se convertit en une foire d'empoigne où tout est permis et où les seules règles sont celles des plateformes. Ce qui a changé par rapport à il y a huit ans, c'est que le socle sur lequel reposait l'ancien ordre s'est effondré. Si, au milieu des années 2010, les Brexiters, Trump et Bolsonaro pouvaient apparaître comme un groupe d'outsiders, défiant l'ordre établi et adoptant une stratégie du chaos, comme le font les insurgés en guerre contre une puissance supé-rieure, aujourd'hui la situation s'est inversée : le chaos n'est plus l'arme des rebelles, mais le sceau des dominants. Si, en Occident, la première moitié du xxe siècle avait enseigné aux hommes politiques les vertus de la retenue, la disparition de la dernière génération issue de la guerre a permis le retour des démiurges qui réinventent la réalité et prétendent la façonner selon leurs désirs. Si l'ancien monde supposait des garde-fous - le respect de l'indépendance de certaines institutions, les droits de l'homme et des minorités, l'attention portée aux répercussions internationales -, tout cela n'a plus la moindre valeur à l'heure des prédateurs. Trump ne lit jamais, même les notes de ses conseillers. Il ne fonctionne qu’à l’oral. ni une seule ligne. Il ne fonctionne qu'à l'oral. Ce qui représente un défi considérable pour quiconque souhaite lui transmettre la moindre connaissance structurée. Mais quelle importance, puisque ce qui compte est avant tout l'action, dont la connaissance, comme on le sait, est l'un des pires ennemis. Un environnement chaotique exige des décisions audacieuses qui captivent l'attention du public, tout en sidérant les adversaires. Formation pour obtenir le pouvoir : Veep est une bonne formation, mais il faut y ajouter Squid Game et Le Parrain, dont presque tout animal politique connaît les répliques par cœur Les borgiens se concentrent sur le fond, pas sur la forme. Ils promettent de résoudre les vrais problèmes du peuple : la criminalité, l'immigration, le coût de la vie. Et que répondent leurs adversaires, les libéraux, les progressistes, les gentils démocrates ? Règles, démocratie en péril, protection des minorités... 5. Wokisme Ayant renoncé à transformer, voire à gouverner, le capitalisme et à combattre les inégalités économiques, les démocrates se sont rabattus sur l'objectif plus modeste de représenter les minorités. wore qui est meritoire en so, mais ne remet pas en cause les dynamiques qui ont façonné l'ensemble de la société américaine à partir du début des années 1980. Pour compenser leur absence de courage quant aux enjeux décisifs, les avocats se sont lancés par la suite dans une bataille de plus en plus extrême pour les droits, qui les a conduits à adopter des positions bien plus radicales que la majorité de leurs propres électeurs. Ex Kamala Harris lors de sa campagne primaire 2020 prônant un financement public pour le changement de sexe des détenus et des immigrés. En 2024 Trump : « Harris est pour les Iels, Trump est pour Vous ». Du point de vue des borgiens, le wokisme est du pain bénit. Tout ce qui contribue à élever le niveau du conflit sert leurs objectifs. 1. IA 1. Malaparte Italien rédacteur en chef de la Stampa sous Mussolini. A écrit technique du coup d’état. Plus qu’un fait politique, la révolution est devenue une question technique et mille hommes bien organisés ont plus de chances de s’emparer de l’Etar qu’une masse révolutionnaire en armes. ce n'est pas le parais de launde, ni le palais Marie, ni le palais d'Hiver, mais l'organisation technique, c'est-à-dire les centrales électriques, les chemins de fer, le téléphone, le télégraphe, le port, les gazo-mètres, les aqueducs. «Pour s'emparer de l'État moderne, dit Trotski - ou pour le moins le Trotski de Malaparte -, il faut une troupe d'assaut et des techniciens : des équipes d'hommes armés, commandées par des ingénieurs.» IA : P 129 Le grand dilemme qui a structuré la politique au xxe siècle est le rapport entre l'État et le marché : quelle part de notre vie et du fonctionnement de notre société doit être sous le contrôle de l'État et quelle part doit être laissée au marché et à la société civile? Au xxie siècle, le clivage décisif devient celui entre l'humain et la machine. Dans quelle mesure nos vies doivent-elles être soumises à de puissants systèmes numériques - et à quelles conditions ? En fin de compte, les individus et les sociétés devront décider quels aspects de la vie réserver à l'intelligence humaine et quels aspects confier à l'IA ou à la collaboration entre l'homme et l'IA. Et chaque fois qu'ils choisiront de privilégier l'humain, là où une IA aurait pu garantir des résultats plus efficaces, il Y aura un prix à payer. P135 Plus de données mais moins bonnes prédictions : À l'heure des prédateurs, cette règle ne s'applique plus. Aujourd'hui, nous possédons de plus en plus d'informations et sommes de moins en moins capables de prédire l'avenir. Nos ancêtres vivaient dans des sociétés beaucoup plus pauvres en don-nées, mais ils pouvaient faire des plans pour eux-mêmes et pour leurs descendants. Nous avons de moins en moins idée du monde dans lequel nous nous réveillerons demain matin. Une réalité comme celle-ci est une réalité où seuls les borgiens sont à l'aise, parce qu'ils se nourrissent du chaos, et Dieu sait que la plupart des personnes présentes cet après-midi-là à Lisbonne n'éprouvent pas la moindre sympathie pour les borgiens, qui peuplent leurs pires cauchemars. Mais voici qu'Altman et Hassabis viennent leur présenter une alternative. L'harmonie du monde peut être rétablie dans toute sa splendeur. L'IA se nourrit elle aussi du chaos, mais elle promet en retour un nouvel ordre. Un gouvernement rationnel de la société, des décisions prises sur la base des données, cela ressemble en théorie au rêve des technocrates. Il n'y a qu'un hic. Pour que le regne de l'IA advienne, il est nécessaire de remplacer le savoir par la foi. À la question « Les IA vont-elles un jour pouvoir expliquer comment elles prennent leurs décisions ? », les technologues répondent que cela n'arrivera jamais, que les modèles se révéleront fiables, dignes de confiance et qu'il faudra s'en contenter. Comme le Dieu de Kierkegaard, l'IA ne peut être pensée en termes purement rationnels. Le seul moyen d'entrer en relation avec elle est de faireun acte de foi. Sa grande promesse est de prévoir, même si on ne comprend pas. Les technologues ne voient pas où est le problème. Puisqu'ils ne s'intéressent ni à l'histoire ni à la philosophie, ils ne se rendent pas compte que leur proposition équivaut à un retour à l'époque d'avant les Lumières, à un monde magique, incompréhensible, régi par l'IA que l'on priera comme les dieux de l'Antiquité. Le vrai roman d'anticipation sur l'IA est Le Procès de Kafka, dans lequel personne ne comprend ce qui se passe, ni l'accusé, ni même les juges qui le mettent en examen, et pourtant les événements suivent leur cours inexorable. Waze Waze n'a qu'une seule mission, faire gagner du temps à ses utilisateurs. Toute autre considération la laisse de marbre. Si quitter l'autoroute pour traverser un quartier résidentiel, débouler à toute vitesse devant les crèches et les maisons de retraite, mettre en danger la tranquillité et la sécurité des riverains, peut faire gagner ne serait-ce qu'une minute, une misérable minute de temps à l'un de ses millions d'utilisateurs, Waze le pousse avec acharnement dans cette direction. Tout comme ses concepteurs, Waze souffre d'Asperger : ses efforts sont concentrés sur un seul objec-tif. Tout ce qui ralentit sa poursuite n'est que du bruit, inutile au mieux, ou franchement nuisible.

OP
ODILE PROTa noté ★ 8/10
24 août 2025

Noté 7/10 par Mathilde Prot

Corinnea noté ★ 8/10
13 août 2025

Glaçant.

Jeanneau Erica noté ★ 9/10
21 juillet 2025

L’auteur dissèque, à la mémoire d’un scribe témoin de la fin de l’empire Inca, comment nos sociétés démocratiques et sociales se trouve aujourd’hui en proie à des attaques capables de réduire à néant ce que l’on a naïvement cru être un progrès irréversible. « L’heure des prédateurs n’est au fond qu’un retour à la normale. L’anomalie ayant plutôt été la courte période pendant laquelle on a pensé pouvoir brider la quête sanglante du pouvoir par un système de règles. » Dans ce monde où « le chaos n’est plus l’arme des rebelles mais le sceau des dominants », où l’action irréfléchie fonde le pouvoir, les populistes ilibéraux et les conquistadors de la tête ont l’avantage.

FF
Francine Fradet-Henrya noté ★ 9/10
20 juillet 2025

Très instructif

DBa noté ★ 6/10
19 juillet 2025

Empoli

Liste

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