Résumé
« Le carnaval, disait Goethe en parcourant les rues de Rome, est une fête que le peuple se donne à lui-même. » Un peu partout, en Europe et ailleurs, la montée des populismes se présente sous la forme d'une danse effrénée qui renverse toutes les règles établies et les transforme en leur contraire. Aux yeux de leurs électeurs, les défauts des leaders populistes se muent en qualités. Leur inexpérience est la preuve qu'ils n'appartiennent pas au cercle corrompu des élites et leur incompétence, le gage de leur authenticité. Les tensions qu'ils produisent au niveau international sont l'illustration de leur indépendance et les fake news, qui jalonnent leur propagande, la marque de leur liberté de penser. Dans le monde de Donald Trump, de Boris Johnson et de Matteo Salvini, chaque jour porte sa gaffe, sa polémique, son coup d'éclat. Pourtant, derrière les apparences débridées du carnaval populiste, se cache le travail acharné de dizaines de spin-doctors, d'idéologues et, de plus en plus souvent, de scientifiques et d'experts du Big Data, sans lesquels ces leaders populistes ne seraient jamais parvenus au pouvoir. Ce sont ces ingénieurs du chaos, dont Giuliano da Empoli brosse le portrait. Du récit incroyable de la petite entreprise de web-marketing devenue le premier parti italien, en passant par les physiciens qui ont assuré la victoire du Brexit et par les communicants qui ont changé le visage de l'Europe de l'Est, jusqu'aux théoriciens de la droite américaine qui ont propulsé Donald Trump à la Maison Blanche, cette enquête passionnante et inédite dévoile les coulisses du mouvement populiste global. Il en résulte une galerie de personnages hauts en couleur, presque tous inconnus du grand public, et qui sont pourtant en train de changer les règles du jeu politique et le visage de nos sociétés.
Analyse de la montée des populismes actuels par l’usage de l’ingénierie et de la data, caché dans l’ombre mais rouage central. La haine, la génération d’émotions négatives qui fait plus de clics. Le faux qui remplace le vrai
Instructif à défaut d'être optimiste
« En politique, c’est ce que tu perçois comme vrai qui l’est, pas ce qui est vrai » (les ingénieurs du chaos, Giuliano da empoli) Finkelstein pour dire que c’est l’islam le pb en Hongrie alors qu’il y a que 1,4% d’étrangers et parmi eux une minorités des musulmans « Un bon politique est un type qui vous dit un certain nombre de choses vraies avant de commencer a vous dire un certain nombre de choses fausses, parce qu’ainsi vous croirez à tout ce qu’il vous raconte, vérités et mensonges » « En physique, le comportement de chaque molécule n'est pas prévisible, étant donné que chacune d'entre elles est soumise à des interactions avec une infinité d'autres. Le comportement de l'agrégat est en revanche prévisible, car à travers l'observation du système il est possible de déduire le comportement moyen. Les interactions comptent davantage que la nature des unités, et le système pris dans son ensemble a des caractéristiques - et obéit à des règles - qui en rendent prévisibles les évolutions. Les lois de la physique s'appliquent aux comportements humains agrégés » « l'objectif est désormais d’identifier les thèmes qui comptent pour chacun, pour ensuite les exploiter à travers une campagne de communication individualisée. La science des physiciens permet à des campagnes contradictoires de coexister en paix, sans jamais se rencontrer, jusqu'au moment du vote. Dans le nouveau monde, la politique devient donc centrifuge. Il ne s'agit plus d'unir les électeurs autour du plus petit dénominateur commun, mais au contraire d'enflammer les passions du plus grand nombre de groupuscules possible pour ensuite les additionner - même à leur insu. Les inévitables contradictions contenues dans les messages adressés aux uns et aux autres resteront de toute façon invisibles aux yeux des médias et de l'ensemble du public. » « L’âge de la politique quantique » « La logique du statisticien : pour trouver la température moyenne optimale, glisse la tête dans le four et les pieds dans le congélateur » John Stuart Mill : « pour triompher, le mal n’a besoin que de l’inaction des hommes de bien » : dictature des minorités qui peuvent déterminer le cours de l’histoire. Une minorité intolérante est totalement inflexible tandis qu’une partie significative du reste de l’opinion est plus malléable Théorie du ruissellement « Pour conquérir une majorité, il ne faut plus converger vers le centre mais additionner les extrêmes » Chacun d’entre nous marche dans sa propre bulle car les algorithmes de Facebook, Apple ou Google font en sorte que chacun d’entre nous reçoive les informations qui l’intéresse. « Nous semblons fous les uns pour les autres » Jaron Lanier . Ce ne sont plus les opinions sur les faits qui nous divisent, mais les faits eux mêmes Conclusion : Les démocrates devront avoir un esprit la fois créateur et subversif pour réinventer les formes et les contenus de la politique des prochaines années, s'ils veulent être capables de défendre leurs valeurs et leurs idées à l'âge de la politique quantique. « Au lieu de pointer les différences de chacun, se concentrer sur tout ce qu’on a en commun » big Flo et Oli sacré Bordel
Éclairage cru et effrayant sur l’évolution du monde politique depuis l’avènement des réseaux sociaux.
Excellent essai de l’auteur du Mage du Kremlin, sur les ingénieurs et data analysts derrière certains mouvements politiques contemporains : de l’exemple du Mouvement 5 Etoiles en Italie, expérimentation originelle et la plus aboutie, aux hommes derrière la victoire de Trump (Steve Bannon), en passant par la victoire du Brexit. En développant l’exemple du Mouvement 5 Étoiles de l’humoriste Beppe Grillo, l’auteur montre que ces mouvements accordent moins d’importance à l’idéologie et au courant de pensée qu’à l’analyse extrêmement fine et locale de toutes les données politiques disponibles afin d’être sûr de proposer l’offre politique adaptée à la demande. Concept du passage de la politique newtonienne à la politique quantique : les positions sont insaisissables car la position de chacun est définie par la boucle algorithmique qui lui est propre, les individus vivant désormais dans des réalités parallèles où chacun constate ses propres vérités plutôt que d’être capable de s’accorder sur une vérité commune à toute la société.