Le Ventre de Paris

Long... Très long... Troooop long !!!

Ses descriptions des anciennes halles de Paris vous transportent littéralement sur les lieux. On ressent les odeurs, on voit les couleurs, on y est.

Après avoir abordé les prémices de la famille Rougon-Macquart puis la haute société parisienne avec La Curée, il va, avec Le Ventre de Paris, légèrement s'éloigner de cette famille et nous emmener dans les grandes Halles centrales de la capitale française. Derrière ce titre faisant directement référence aux fameuses Halles, on découvre Florent, le demi-frère de Quenu, qui s'évade de prison alors qu'il y a injustement été envoyé, cherchant à faire sa place dans Paris pour y devenir un inspecteur, à l'intérieur des Halles. Comme dans les deux premiers romans du cycle, la force de Le Ventre de Paris se trouve dans l'osmose entre les destins personnels et la façon dont Zola capte son époque, décrit la capitale française et surtout nous y immerge. Si ici, l'oeuvre n'est pas réellement transcendante sur les destins des protagonistes, elle l'est toujours dans la plongée, sociale, politique ou géographique, au cœur de Paris. Il peine ici à vraiment faire ressortir une quelconque émotion, si ce n'est parfois un peu de dégoûts, des protagonistes, on peine à se passionner pour ce qui va leur arriver, même si évidemment, cela reste toujours fort intéressant, notamment les liens qu'ils finiront par avoir, ainsi que l'opposition entre gras et maigre que Zola use tout au long du roman. Il s'en sert surtout pour mettre en avant ce qu'il pense, du mépris essentiellement, de la bourgeoisie, donnant lieu à quelques moments mémorables, notamment lorsqu'il nous plonge dans la réalité de la vie marchande. Ce Paris disparu, il nous le fait vivre, ressentir même, on a l'impression d'y être, de le toucher, de le sentir, et c'est là que Zola démontre tout son talent, dans la façon dont il nous immerge dans ce qu'il décrit. Il parvient à en faire ressortir diverses sensations, n'étant jamais dans un style "documentaire" mais purement immersif, à l'image de l'impression de sentir et toucher les légumes et volailles des Halles. Evidemment, la politique n'est pas étrangère à une oeuvre de Zola, ici par le prisme de Florent, qui va connaître les milieux révolutionnaires, et Le Ventre de Paris est aussi une oeuvre à hauteur d'homme. Zola y étudie la nature humaine, ce qui ressort des relations comme la jalousie, l'envie, la haine, les ragots et ce n'est guère reluisant pour nos âmes, mais aussi terriblement juste, à l'image de la dernière partie du roman. Il parvient à mettre en avant ces sensations, toujours avec une certaine justesse même si l'excès n'est jamais loin, tout en étant un bon moyen de prendre le lecteur aux tripes. S'il s'éloigne ici de la lignée directe des Rougon-Macquart, Emile Zola signe avec Le Ventre de Paris une oeuvre immersive et sensorielle, où il nous donne l'impression d'être au cœur d'un Paris disparu, bruyant et profondément humain.

Lire du Zola c'est baigner dans la beauté et la justesse de l'histoire et de l'écriture...

Émile Zola 3